Aux Etats Unis, on sait dire en français « J’aime le fromage »,« Le tour Eiffel » ou encore « voulez-vous coucher avec moi ?»… mais à New York on sait dire aussi « Frank est encore benché ce soir ».
Que se passe-t-il avec notre petit frenchy dans la grande pomme ? Visiblement cette dernière était encore empoisonnée et elle n’a pas permis au prodige français de s’éveiller à la grande ligue. Celui qu’on présentait comme le messi, le sauveur, le French Prince n’a jamais reussi à convertir tous les espoirs placés en lui. Pourquoi celui qui a mis Kemba Walker dans la poche de son hoodie lors des mondiaux 2019 n’arrive-t-il pas à confirmer les fulgurances qu’il nous montre par séquence ?
La France veut des réponses, nous allons tenter d’en donner.
Il était une fois…
Frank Ntilikina arrive le 22 juin 2017 en NBA à l’âge de 18 ans. Choisi par les New York Knicks à la 8ème position, il a été la « dernière » surprise du chef du Président de l’époque, Mister Phil Jackson.
Ce dernier se fera licencier quelques jours plus tard au profit de Steve Mills. En effet, enchaînant mauvaises décisions (contrat de Noah entre autre) et prises de positions houleuses (avec Melo), celui qui a été nommé au poste depuis 2014, est débarqué juste après cette draft.
Revenons donc sur notre petit frenchy. Il devient le 4ème tricolore à porter les couleurs Orange et Bleu (Noah, Séraphin et Turiaf avant lui). Il débarque tout droit de la SIG Strasbourg.
Arrivé à 13 ans au Pôle Espoir Alsace, le natif d’Issel (né le 28/07/1998 en Belgique), gagne le championnat de France des Ligues, 2 ans après. C’est tout logiquement qu’il intègre le centre de formation de la SIG à l’âge de 15 ans.
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En 2014, il participe à la Jordan Brand Classic européenne, épreuve qui se disputait à Barcelone et il fera partie des 10 meilleurs joueurs européens de sa catégorie. Il est donc sélectionné à la compétition reine qui se dispute au Barclay’s Center de Brooklyn.
Fier de cette sélection, le directeur du centre de formation Olivier Weissler déclarera : « C’est un honneur pour le club. Frank est un meneur travailleur, excellent défenseur qui tient les duels, avec une très bonne qualité de passe, un gros tir à trois points, capable de pénétrer et de prendre un shoot très efficace à 4m. Il fait tout avec beaucoup de justesse ». |
Durant l’été 2014, il va participer au Championnat d’Europe des moins de 16 ans avec l’Équipe de France, compétition qu’il va remporter.
L’été suivant, il est de nouveau sélectionné avec l’EdF pour les championnats d’Europe des moins de 18 ans mais ils ne finiront que 6ème.
En 2016, il intègre l’équipe professionnelle et signe un contrat pro qui le lie au club jusqu’en 2019.
Au cours de la saison 2015-2016, Frank est de plus en plus souvent appelé dans l’équipe une (SR : 26 matchs, 1.6pts, 0.5pds – PO : 3 matchs, 7pts).
En décembre 2016, il est champion d’Europe des moins de 18 ans avec la France.
Il marque 31 points en finale face à la Lituanie, il est nommé MVP de la compétition et est aussi nommé dans l’équipe-type avec son compatriote Sekou Doumbouya, l’Allemand Isaiah Hartenstein, l’Italien Davide Moretti et le Lituanien Tadas Sedekerskis. |
Il participe aussi à des rencontres en EuroCoupe où la SIG atteint la finale contre Galatasaray SK.
Il est élu en avril 2016, meilleur espoir du championnat de France.
La saison 2016-2017 montrera tous les progrès de Frank, il joue 32 matchs dont 19 en tant que titulaire.
En saison régulière il marquera en moyenne 5.1 pts pour 1.3 pds mais surtout ses pourcentages aux tirs seront meilleurs |
Mais il perd à nouveau en finale du championnat de France contre l’Élan sportif chalonnais.
Il est à nouveau élu à la fin de cette saison meilleur espoir du championnat de France devançant notamment un certain Élie Okobo.
Ce rêve bleu…
Tout au long de cette saison, de nombreux scouts NBA vont venir scruter dans la salle de la SIG le jeune espoir français. Son nom commence a circulé dans les mocks, son jeune âge, ses mensurations et son potentiel fond de lui un candidat pour la Lottery dans le cadre de la draft 2017 de la NBA.
Un bel article est rédigé par le NY Times parlant de notre petit Frenchy juste avant la draft. Frank commence à se faire un nom et surtout du côté de la Grosse Pomme.
Pendant la préparation de la draft, il y a eu de fortes spéculations sur le fait que les Dallas Mavericks envisageaient de sélectionner Ntilikina avec leur 9ème choix.
Le propriétaire des Mavericks, Mark Cuban déclarait que « les Mavs voulaient un meneur de jeu qui passe d’abord » ce qui correspondait à Ntilikina. Les Mavericks finiront par choisir le meneur de jeu Dennis Smith Jr. Franck était aussi en contact avec le F.O des Knicks et le staff technique en place avant la lottery, il les avait même rencontré en personne. |
Cette soirée là…
La grand-messe de la NBA arrive, elle se déroule le 22 Juin 2017.
Nous sommes tous accrochés aux lèvres d’Adam Silver et le verdict tombe :
« With the eighth pick in the two thousand seventeen NBA draft, the New York Knicks select, Frank Ntilikina from Strasbourg, France ».
Explosion de joie dans les travées du Barclay’s Center, les fans, cette fois ci, ne hue par le choix du Front Office.
L’objectif de Frank d’intégrer la NBA devient réalité. Tout jeune déjà il rêvait d’intégrer la grande ligue, ce rêve devient une réalité. Il est un Knicks.
On estime à ce moment précis, que Frank était le meilleur choix. La romance peut commencer.
Jeff Hornacek explique le choix d’avoir prit Frank si haut :
« C’était au centre des discussions et des débats. Il y a des gars, quand vous les regardez, vous savez qu’ils seront peut-être prêts beaucoup plus tôt. Mais, quand vous regardez un jeune de 19 ans, la question est : Qu’est-ce qu’il sera dans cinq ans ? Avec Frank, nous avons un joueur à grand potentiel. Il a de la longueur, il a de la taille. Les matchs NBA sont encore nouveaux pour lui. Des mecs comme Dennis Smith Jr et Donovan Mitchell ont déjà en quelque sorte adopté le style de jeu NBA en grandissant. »
Fait étonnant, lors de la draft, Frank a fait l’aller et retour entre les USA et Strasbourg car il fallait qu’il joue le dernier match des playoffs LNB
La (grosse) pomme d’amour…
Il arrive dans la peau d’un grand espoir, nouvelle égérie de Nike. Le nouveau messi New Yorkais va jouer dans la Mecque des salles.
Son portrait sera même présenté sur la façade d’un gratte-ciel. On ne peut pas dire qu’il arrive en toute discrétion. |
En France aussi la Hype est assez (trop?) élevée pour celui qui est devenu le basketteur français drafté le plus haut devant Tony Parker, Boris Diaw, Nicolas Batum ou Rudy Gobert.
Mais voilà, tout ne commence pas comme prévu et il se blesse dès le premier training camp (blessure contractée lors du match 5 des finales LNB mais aggravées durant l’entraînement).
Il ratera toute la Summer League. C’est un peu une allégorie de ce que va devenir la carrière de Frank au Knicks, de l’espoir mais surtout des rendez-vous manqués. |
Durant ses 4 ans maintenant passés à Gotham, Franky a eu comme concurrent à son poste :
– 2017 : Ramon Sessions, Jarrett Jack, Emmanuel Mudiay et Trey Burke.
– 2018 : Dennis Smith Jr, Emmanuel Mudiay, Trey Burke, Kadeem Allen.
– 2019 : Dennis Smith Jr, Elfrid Payton, Kadeem Allen.
– 2020 : Elfrid Payton, Derrick Rose, Immanuel Quickey.
On ne peut pas dire qu’on l’ai mis dans des dispositions particulièrement favorites pour l’aider à se développer et à prendre confiance, surtout lorsqu’on vous coach par Messieurs Jeff Hornacek, David « the Goat » Fizdale et Mike Miller (qui a fait ce qu’il a pu pendant son interim).
Mais à sa charge, on ne peut pas dire non plus que la concurrence était accrue durant ses deux premières années NBA. Il s’agissait de joueurs qui ne jouent plus ou peu en NBA et on peut se poser des questions quant aux qualités mentales du jeune homme.
Jeff Hornacek lui a donné sa chance et même David Fizdale l’a titularisé sur ses débuts
L’année rookie, saison 2017-2018:
Tout commence en septembre, accompagné de nombreuse star, il est sur le podium de Nike à présenter les jersey City Edition. Il porte fièrement les couleurs des Knicks et son numéro, le 11. |
Il participera à 78 matchs dont 9 en tant que starter et 20 minutes de temps de jeu. Il tourne à 6 points pour 3 passes et 1 interception (36% au shoot, 31% à 3pts).
Il commence à se forger une sérieuse réputation de défenseur, certains même le qualifiant d’élite.
Jeff Hornack dira de Frank : « Frank est comme une éponge. Il est toujours en train de demander des choses aux gars. Je lui ai d’ailleurs parlé aujourd’hui : « Quand tu traverses certaines choses, ne les vois pas seulement du point de vue d’un meneur. Regarde ça comme si tu étais un 2 ou un 3. Nous sommes un petit groupe. Si un gars passe par une période difficile, alors tu devras jouer à sa position. »
Il m’a dit : « Oh, j’ai déjà pensé à ça. » C’est donc un joueur très intelligent. N’importe quel conseil de vétéran, il l’absorbe. ».
On observe déjà chez lui une certaine polyvalence dans son jeu dû ses qualités physiques naturelles.
Il joue son premier match au Madison Square Garden le 27 octobre 2017 face aux Nets de Brooklyn et finit avec 9 points, 5 passes décisives et 2 rebonds en 23 minutes (victoire 107-86).
À la fin du match, il reçoit une standing ovation de la part du public new-yorkais, et le New York Daily News titrera « Frank Ntilikina a montré pourquoi il avait été le premier choix des Knicks lors de la draft ». C’est également à l’occasion de ce match que l’entraîneur Jeff Hornacek écarte Ron Baker et Ramon Sessions de la rotation et fait du Strasbourgeois la doublure de Jarrett Jack au poste de meneur. |
Quelqu’un m’a dit…
Mais à peine arrivée dans la grande ligue que déjà son choix de draft par les New York Knicks fait débat. Enfin surtout pour un certain Lebron James qui quelques années auparavant avait préféré les copains et les plages de South Beach à la grosse pomme.
De quoi déjà mettre un peu de pression sur le jeune rookie qui n’avait rien demandé avant la rencontre qui devait opposer les deux équipes. Ses coéquipiers se montrent solidaire pour faire front, Frank lui n’évite pas les questions qui fache pour répondre par presse interposée.
Si sur les parquets ce 11 Novembre 2017, durant le fameux match contre les Cavs de Lebron Frank va réaliser 6 interceptions (record sur une saison pour un rookie).
Mais ce qui va rester dans les esprits et tourner en boucle c’est bien cette petite échauffourée entre lui, BronBron et Enes Kanter.
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Le 15 janvier 2018, Ntilikina a enregistré son premier double double avec 10 points, 10 passes, 7 rebonds, 2 blocks et une interception lors d’une victoire 119-104 contre les Brooklyn Nets.
Le 24 janvier 2018, il a été sélectionné pour représenter l’équipe mondiale lors du Rising Stars Challenge pendant le All Star week-end 2018. |
Oui mais voilà, lorsque vous êtes sélectionnés en Lottery Pick et surtout à New York ou on sait que la patience de James Dolan est mise à rude épreuve, sa saison de débutant est considérée par beaucoup comme décevante, et on a même entendu dire certain qu’il s’agissait d’un échec de sélection.
En effet lorsque vous êtes sélectionné devant (stat saison rookie) :
– Donovan Mitchell (23 pts, 4 ast, 4 reb, pick 13)
– Bam Adebayo (12 pts-8reb, pick 14)
– John Collins (16 pts, 8 reb)
voir même :
– Jarrett Allen (11 pts-8 reb, pick 22)
– Kyle Kuzma (15 pts – 6 reb, pick 22)
– Derrick White (10 pts – 3reb-3 ast, pick 29)
Vous pouvez être un peu déçu mais Frank a pour lui la jeunesse, des aptitudes physiques intéressantes et un sens au-dessus de la moyenne en termes de défense.
Laisses moi t’aimer…
Pour sa saison sophomore, lors de la saison 2018-219 place à nouvel entraîneur.
L’équipe en place « Mills-Perry-Fizdale » veut donner redonner à la franchise ses lettres de splendeur. Kevin Knox est drafté (Joueur qualifié de futur Kevin Durant, il faut le dire sans tousser), tout comme Mitchell Robinson. |
Coach Fizdale est un avant-gardiste, un génie incompris et durant l’intersaison, il tente de faire jouer Frank à plusieurs postes :
« J’ai trouvé que c’était à nouveau une performance solide de sa part (match de pré saison contre les nets 9 points, 5 passes et 4 rebonds) » a-t-il déclaré sur ESPN.
« Je pense que vous avez vu comment je l’utilise désormais, et on essaie d’utiliser toutes ses qualités. Comme je l’avais dit, je l’ai lancé sur un ailier fort. Il a fait une erreur mais dans l’ensemble, j’ai trouvé qu’il avait fait du bon boulot pour se battre pour la position lorsque les équipes jouent plus petit. Je le répète, l’objectif est de placer des gars pour la première fois dans ces situations et de voir comment ils se comportent. Dans l’ensemble, j’ai trouvé qu’il avait été vraiment fiable. » |
David Fizdale le met dans la peau d’un titulaire mais pas au poste de prédilection de Frank, en effet, il sera utilisé au poste d’ailier durant les 6 premiers matchs de la saison puis retrouvera son poste de meneur pendant les 8 autres matchs .
Forcement pas adapté à ce nouveau poste, Franky marque tout de même en moyenne 8 points pour 3 passes décisives et 2 rebonds, il a des pourcentages convenables (40% au tir – 37,5% à 3 points).
Mais voilà, il a un +/- (Différentiel de points inscrits et encaissés de l’équipe d’un joueur X, lorsque ce dernier est sur le terrain) affreux à 7,5. Bilan 1victoire – 5 défaites.
Lorsqu’il retrouve ça place de meneur, rien ne va plus. Il ne score en moyenne que 6,5 points pour 3 passes et ses pourcentages au tir s’effondrent (30 % au tir, 21 % à 3pts!!!) mais un + / – « qu’à » -3,5.
Et c’est logiquement qu’il perd sa place au profit d’Emmanuel Mudiay (15 pts de moyenne, 4 ast et de meilleur pourcentage).
On connaît l’adage « un malheur ne vient jamais seul », pendant un match contre le Heat, alors qu’il avait retrouvé sa place de starter et qu’il produisait un match plutôt abouti (6 points-4 passes, 2 rebonds en 15 minutes), il ressentait une blessure à l’aine. Cette blessure anodine au premier abord, l’éloignera des parquets pendant 24 matchs. |
Coach Fiz déclarera juste après le match : « C’est un gros coup dur pour nous. C’est une blessure à l’aine selon les dernières nouvelles. Il a eu un énorme impact sur la première mi-temps, en défendant, en trouvant ses partenaires, en étant agressif pour lui-même. Il était en route pour un autre bon match, comme lors de la première mi-temps face aux Nets. J’espère que ce n’est pas grave et que nous pourrons vite le récupérer et le remettre sur le parquet ».
Il rejouera deux autres matchs, mais il aggravera sa blessure contre les clippers le 24 Mars 2019 et devra mettre un terme prématurément à cette mauvaise saison.
Cette rechute marquera la fin d’une seconde saison NBA bien décevante pour le numéro 11 de 20 ans et pour la franchise en règle générale avec un des pires bilan de son histoire (17-65).
Le bilan est plutôt négatif, 16 matchs comme titulaire sur 43 joués avec des moyennes de 5,7 points, 2,0 rebonds et 2,8 passes décisives pour 21 minutes de jeu par match. Ses chiffres sont en net baisse par rapport à sa saison rookie.
Il est utilisé par coach Fizdale comme un couteau suisse, tantôt meneur, arrière ou ailier. Un 5 qui évolue tout le temps, aucune identité de jeu, un playbook inexistant. Pas facile pour un jeune joueur de 20 ans à s’adapter, à évoluer dans ce monde si particulier qu’est la NBA.
Ajouter à cela une grosse blessure ainsi la perte de son statut de starter et vous commencez à avoir chez les fans beaucoup de scepticismes quand à sa faculté à mener une équipe (3 assistes de moyenne) et à être un bon finisseur (28% à 3pts – 40% au tir).
Son temps de jeu a aussi évolué, il a commencé à jouer une trentaine de minutes puis 20 et à la fin à peine 15, ça n’aide pas pour la confiance.
Il est entré dans un cercle vicieux : pas en confiance donc pas de stat donc pas de minutes donc pas de confiance….
Son nom a circulé dans des trades durant l’hiver (Orlando-Atlanta) mais les Knicks croit toujours au « Franck’s Project ».
Sa défense n’est pas à remettre en cause, il voit bien le jeu adverse, ses longs segments et sa mobilité gênent les attaquants. Mais dans la NBA actuelle, on ne peut pas être qu’unidimensionnel.
La vie en bleu…
Cette saison est à oublier par le French Prince et quoi de mieux qu’un regroupement avec l’Equipe de France A pour redonner de la confiance à un joueur dans le mal.
En août 2019, il connaît sa première sélection en A lors d’un match amical face à la Turquie. |
Il est ensuite sélectionné par Vincent Collet pour participer à la Coupe du monde organisée en Chine en septembre 2019. Il a un vrai rôle dans la troisième place et la qualification direct aux Jeux Olympiques.
On n’oubliera pas non plus son magnifique match en quart de finale contre les USA où il a dominé les arrières ricains (11 points, 3 passes, 1 rebond en 25 minutes).
Au final, il participera à 8 matches pour 8 points de moyenne.
Je t’aimes… moi non plus…
Après cet intermède international réussi, pour sa 3ème saison en 2019-2020 (interrompu brutalement par la crise sanitaire mondiale) on se dit que la carrière de Frank est prête à décoller et qu’il va enfin devenir ce que l’on attend de lui, c’est-à-dire le meneur numéro 1 de la plus grande franchise New Yorkaise.
La déception sera aussi importante que les attentes placées en lui. Ses statistiques ne décollent pas, toujours autant timoré en attaque, il reste étonnamment un lion en défense.
Il va encore une fois être testé à plusieurs rôles, encore une fois il n’y aura pas de hiérarchie établie, un coup Payton est le meneur, puis Dsjr, puis Rj Barrett.
Fizdale teste encore et toujours mais il ne trouve pas la bonne formule. L’inévitable se produit, après une série de 8 défaites consécutives, Fiz est (enfin) débarqué (bilan : 4-18 / 21-83 au cumul !! ) au profit de l’entraîneur de G-League Mike Miller, mais cela ne pas changer fondamentalement les choses. |
Mike Miller va bien repositionner Frank à son poste et lui donner un peu plus de responsabilité, son impact offensif n’est toujours pas présent et il deviendra le back up d’Elfrid Payton jugé plus consistant et ayant un apport réel dans l’équipe titulaire.
« Il [Franck] aborde chaque jour de la même manière. Il vient et travaille. Il a montré des progrès dans certains domaines, c’est certain. Son nombre de passes décisives est en hausse. C’est la chose la plus importante, c’est qu’il met en place des paniers de façon constante lorsqu’il est sur le terrain avec la deuxième unité. » déclarera le Coach.
Défendre à 5, c’est bien, attaquer à 5 aussi et malgré quelques petites saillit (un double double contre Washington le 10/03/2020, 20pts 10 pds), il reste timide et n’imprègne pas le rythme du match.
De plus, sa blessure a l’aine semble plus importante que prévu et émaille une partie de sa saison. Il sera titulaire à 26 reprises mais il perdra sa place de titulaire au profit d’Elfrid Payton. |
Sa saison amputée par le Covid sera sur les mêmes moutures que les précédentes : 6,3 points, 3 ast, 1stl ( 40% au tir – 32% à 3pts) pour 20 minutes de temps de jeu. Même si il connaîtra un mois de Mars très intéressant (9,5pts, 3,2ast, 1,2stl) et de bon pourcentage (45 % au tir – 35 % à trois), c’est insuffisant pour faire taire les critiques.
On ne se cache plus pour dire que le projet Frank est un échec. Il a encore de nombreux partisans, mais on commence tout de même à douter de plus en plus sur son potentiel…
Pour que tu m’aimes encore…
4ème Saison – 2020-2021, encore un nouvel entraîneur au Knicks et on peut dire qu’il connaît la maison. Tom Thibodeau arrive à Gotham pour remettre de l’ordre dans la maison Orange et bleu qui tombe en décrépitude (il était l’assistant de Jeff Van Gundy entre 1996 et 2003) .
Encore une fois, la saison n’avait pas été bonne à tous les niveaux et Tom vient pour rappeler les bases du basket, on défend ensemble, on attaque ensemble.
Celui qui a été longtemps le coach des Bulls, avec le succès qu’on lui connaît, et des Timberwolves, où son expérience aura été en demi-teinte, va tenter de relancer les Knicks et au passage, sa carrière.
« Cela dépend évidemment des joueurs que l’on aura à notre disposition. Mais à la fondation de notre jeu, il y aura de la défense, du rebond, un faible nombre de pertes de balle et une envie de partager le ballon.
En attaque, on veut voir des joueurs aller sur la ligne des lancers et marquer des paniers à 3 points dans le corner ».
Tous les rêves sont enfin permis.
Entraîneur réputé pour être ultra-défensif, satisfait de rien et acharné de boulot, on se dit que ça ne peut être que de bonne augure pour Frank. Les mots défense, faible perte de balle et partager le ballon font écho par rapport au jeu du numéro 11 français. Enfin un coach, enfin des systèmes, enfin de l’espoir. |
La saison débute et elle commence avec Frank sur le banc, rien de bien alarmant, Payton a été re-signé, il sera donc son remplaçant.
4 matchs !
4 matchs et puis s’en va. Alors que l’on pensait que Thibs allait remettre Franky dans la course, que sa carrière allait décoller, c’est tout le contraire qu’il se passe. Et si vous ajoutez à cela, l’émergence d’un rookie que personne n’attendait (Immanuel Quickley) et le retour de fils prodigue (Derrick Rose) alors le glas semble sonner dans la 8ème Avenue. |
On ne reverra plus Frank pendant 28 matchs consécutifs. On ne le reverra plus sur le court, il sera bien assis, au chaud au bout du banc entre Kevin Knox et le trublion Theo Pinson.
C’est donc logiquement qu’il est demandé à l’entraineur s’il compte envoyer le français en G-league comme l’a fait Dennis Smith Jr avait d’être échangé, réponse :
« Non, pas maintenant. J’aime bien avoir Frank ici, avec nous. J’adore son attitude et son approche. »
Il fera son retour dans la rotation pendant 1 mois (Elfrid Payton était blessé) et même si offensivement c’est encore compliqué, il se montre bien précieux en défense. Il n’en fallait pas plus pour les fans du français. Les braises étaient encore incandescentes et une simple brise a rallumé la flamme.
Le feu a repris lors de ce match contre Orlando ou il tente de monter au tomar sur Nikola Vucevic (c’est pas la première fois, il avait déjà fait sur Gobert et sur Porzi les saisons précédentes).
Il finit le match avec un joli 13 points, de beau pourcentage et encore une fois de la hargne en défense.
Depuis ce retour au premier plan, c’est son adresse aux tirs qui est à souligner et notamment à 3 points. Sur les matchs contre San Antonio et Détroit, il a présenté une très jolie 6/6.
Sur ces 13 matchs joués (4 comme titulaire), il tentera 28 3pts pour en convertir 12, soit 43% de réussite. Pas mal pour un joueur qui était en difficulté dans ce domaine.
Thibodeaux disait : « Le voir jouer, bosser, on peut se rendre compte de sa polyvalence et puis il progresse vraiment sur son shoot. Il a mis des gros shoots pour nous face aux Pistons. Mais sa défense est énorme pour nous. »
Ce rôle d’arrière 3&D semble lui collait à merveille. Et si était là finalement son rôle ? Et si Thibs avait-il trouvé la clé qui débloque son potentiel ?
Toutes les spéculations revenaient comme un boomerang, Frank ne laisse pas indifférent et chacun commençait à réfléchir à son futur temps de jeu, à son futur rôle dans la franchise, la hype était revenue.
Hélas, Tom est un entraîneur avec ses idées, ses rotations, ses systèmes.
Au retour de Payton, Frank retournera sur le banc et il jouera plus que quelque garbage.
La deadline est passée, le nom de Frank a circulé mais il est toujours présent, toujours là au service de l’équipe à attendre son tour.
On se rappelle tous ces photos de l’équipe des Knicks dans un avion.
Qui reste-t-il ? Mitch, le fantôme de Knox et Franky au milieu. 3 sur 18, cette photo date de 2018 et quasiment tout le roster a changé en 3 ans. |
3 entraîneurs différents se sont succédés. La stabilité est quelque chose qui compte pour une carrière et encore plus pour celle d’un jeune joueur d’à peine 20 ans qui découvre une nouvelle culture, un nouveau pays et presque un nouveau sport.
Ne me quittes pas…
Alors quoi retenir? Que fait on avec Frank ?
C’est un garçon attachant avec une histoire qui le lie personnellement au basket. Une carrière à la Dante Exum, un jeune plein de potentiel, drafté haut (trop?) mais qui n’a jamais su convertir les espoirs placés en lui (il était d’ailleurs comparé à Exum dans les mock)
C’est un professionnel qui travaille et s’il y a bien quelque chose qu’on ne puisse pas lui reprocher c’est bien d’être toujours là pour l’équipe. Il l’a toujours dit, quoiqu’il arrive, il se tenait prêt. Il n’a jamais fait de déclaration houleuse dans les médias, il ne s’est jamais plaint. Un exemple dans ce domaine.
Un gros défenseur. Un de ces gars qui se bat sur chaque ballon, un bulldog prêt à vous mordre les mollets si vous vous approchez trop près du panier. C’est ce hustle qui l’a fait aimé du MSG, il ne lâche rien, il vous pourrit la vie, un joueur vous rappelant les heures glorieuses des Knickerbokers.
Mais était-ce la bonne équipe ? N’est-il pas arrivé un peu trop jeune en NBA et surtout dans le marasme qu’étaient les Knicks de l’époque ? Il passe de son cocon Alsacien où il était chouchouté dans un environnement très familial à la froideur de la NBA et dans une équipe autour de laquelle règne passion, amour et haine.
Il a connu des dizaines de coéquipier (et pas les plus talentueux, loin s’en faut), deux présidents, quatre entraîneurs et tout cela en à peine 4 ans d’expérience dans la League. Il est devenu à 22 ans , le joueur du roster actuel qui a le plus d’ancienneté comme Knickerbocker.
Il se présente dans la grosse pomme à 19 piges avec l’étiquette d’un joueur à haut potentiel, beaucoup d’attente sont mise en lui et on lui fait bien comprendre : Affiches géantes, Modèle Nike. Figure de proue de la franchise lorsqu’il faut présenter de nouveau maillot. N’était-il pas fait trop exposé ? Les attentes n’étaient-elles pas trop dans l’excès ?
Car lorsque vous jouez avec les coéquipiers qu’il a eu, avec des Trey Burke, des Alonzo Trier ou des Emmanuel Mudiay, est-ce qu’on peut vous demander de faire des stats? Est-ce que vous avez juste le droit de voir le ballon ? De le toucher ?
Comme il le dit si bien dans sa lettre ouverte à Michael Jordan, si tu n’es pas un passionné, tu ne peux pas réussir. Frank est un passionné, un garçon entier et malgré tout ce qui a put se passer dans sa jeune carrière, il a toujours répondu présent.
Je ne cherche pas à trouver d’excuse à Frank dans cet échec, car il en est en parti responsable.
Oui, on peut lui reprocher son faible rendement offensif. Sa timidité de ce côté-là du terrain devient handicapante, car il ne représente pas une source de danger pour les adversaires et même s’il n’hésite pas à monter à l’arceau de temps à autre pour laisser échapper toute sa frustration, il n’est pas un bon attaquant.
Il réfléchit trop et ne se laisse pas guider par son instinct. Ses pourcentages au tir sont désastreux, il a du mal à mener une attaque ou du moins à imposer un tempo. Par quelques séquences, il va nous rappeler qu’il est un bon manieur de ballon, mais ces séquences sont trop peu et doucement, on finit par les oublier. Il a eu plusieurs chances, mais il n’a pas réussi à les saisir, soit par manque d’adresse soit par cette foutue blessure à l’aine.
Franky, le French Prince, arrive en fin de contrat cet été et je pense que le mieux pour lui et de trouver une équipe qui saura exploiter au mieux son potentiel, l’entourer et profiter de sa hargne en défense.
On a tous voulu le voir réussir. Un Français faisant soulever les foules dans un Madison Square Garden en fusion mais je crois qu’on arrive à la fin de ce chapitre, il faut s’y rendre à l’évidence. On a tous eut des espoirs quand Thibodeau est arrivé. On s’est dit « voilà enfin un entraîneur, un vrai, un qui va savoir faire jouer ce numéro 11 plein d’envie » mais là encore, on s’est trompé.
Frank n’est devenu que le back up du back up, trop loin sur le banc, trop loin des strasses et à 22 ans, il est temps de prendre les choses en main.
Le « Francky’s Project » a été un échec mais quoiqu’il arrive, Once a Knicks, Always a Knicks , only love for you Frank !
Article proposé par Sébastien Gournès pour Knicks Nation France