Précautions oratoires :
Mon avis est, pour le moins, non tranché. Je ne savais pas comment l’exprimer. Alors je suis allé voir sur internet. Billet d’humeur : article d’opinion, souvent court qui présente de façon sarcastique ou humoristique un événement ou un sujet. Ainsi, les propos tenus visent à faire sourire et non à blesser. Un petit papier marqué d’une tentative humoristique, je grossi le trait à défaut d’être bien informé. |
Mister Thibs est dans la tourmente, une nouvelle fois. La défaite face aux Mav’s a réveillé la colère entrevue lors de la déroute à domicile contre le Thunder. La tête du coach est demandée.
Est-ce que je souhaite voir Thibodeau coaché les Knicks ? Pas spécialement.
Est-ce que je souhaite le voir virer prochainement ? Pas spécialement.
Réponses de normand ? C’est surtout que je n’ai pas d’avis tranché.
Je suis dangereusement centriste dans cette affaire, le François Bayrou des GM par procuration.
La dernière fois que l’on a eu recours à cette « solution » du licenciement en cours de saison, c’était pour mettre David Fizdale dehors. Un mec qui arrive en s’étant mis à dos le vestiaire du Grit n’Grind de Memphis mérite d’être châtié, d’autant plus lorsqu’il a été l’auteur de l’une des pires tambouilles que j’ai vu aux Knicks. On était positivement surpris de voir le travail de Mike Miller, il cédera sa place à Thibodeau, ça valait le coup.
Quelques années avant, ça avait été la même chose. Si les USA ont Joe Biden, les Knicks avaient Phil Jax. Mal inspiré, Derek Fisher et son triangle isocèle céderont la place à Kurt Rambis, qui quittera l’équipe en fin de saison. De belles années.
De 2003 à 2005 on a connu un sketch similaire articulé autour de Lenny Wilkens, sans succès.
Voilà pour le verre à moitié vide.
Pour l’autre moitié, on pense immédiatement à la belle réussite de Jeff Van Gundy qui marquera la franchise de son empreinte en prenant la suite de l’infâme Don Nelson, quelle idée de vouloir trader une légende aussi.
Mais comment puis-je évoquer un changement de coach en régulière, sans me rappeler aux bons souvenirs de l’éviction de Mike d’Anthony. Les amateurs de la partie pleine du verre, défendrons le bilan de Mike Woodson, on mettra cela sur le compte du syndrome de Stockholm.
Cette affirmation n’est que pure provocation. Pour résumer, après que Donnie Walsh eut épuré le caca du lendemain de fête d’Isaiah Thomas, il a eu la bonne idée de recruter Mike D’Anthony pour tenter de redorer le blason des Knicks, et le bougre y est parvenu.
Au bout d’une saison, non content d’avoir maximisé les potentiels de David Lee, Al Harrington, Chris Duhon et Toney Douglas ; ce bon vieux Mike se retrouve avec une team d’affamés autour du Stoud’. Et ça prend. Mais on connaît la suite, trade de Melo, qui fera en coulisse le nécessaire pour que le FO reconnaisse son point de vue. Stopper le jeu rapide et les pick n roll à outrance, ralentir le jeu pour faire du one one non stop sur quart de terrain. Julius Randle approuve, mais contrairement à lui, Melo avait le talent et le skill set offensif pour rendre le truc regardable. La vérité, on la connaît, il aura surtout prouvé qu’il ne pouvait pas gagner.
C’était il y a 10 ans, et j’écrivais à l’époque (si si je m’auto cite c’est très bon pour l’ego et la remise en question) :
« l’affaire Carmelo/D’Anthony est le coup de rein qui fait craquer la capote ».
Outre cette réflexion particulièrement graveleuse traduisant mon insouciance de l’époque, je n’ai pas souhaité la modifier car je pense qu’elle traduit parfaitement ce que j’ai ressenti à l’entame de la décennie 2010 : l’arrêt soudain d’une action potentiellement agréable, bien que mal embarquée. Et oui D’Anthony présentait un bilan de 18 win pour 24 défaites, mal embarqué. Mais on a connu la LinSanity cette saison-là, potentiellement plaisant.
Comprenez-moi, quelques années plus tôt, une seule chose m’aurait permis d’apprécier « The decision » : que le King signe à NY ; je voyais déjà les dégâts d’un pick n’ roll LBJ-Stoud’. Au lieu de ça, il a choisi l’ennemi historique et la facilité. Merci Dirk, c’était jouissif.
La Linsanity a été mon second gros kiff durant ces années, et l’on a choisi d’évincer celui qui avait eu le flair et l’audace de la lancer. Petit clin d’œil aux Warriors qui avait repéré le meneur non drafté en sortie d’Harvard, pas si infâme que ça l’ami Don Nelson.
Dans quoi je m’embarque ? Thibs et D’Anthony des situations comparables ? Ce serait tiré par les cheveux, et il ne m’en reste pas beaucoup… Cependant, je vois quelques similitudes.
– Ils n’ont soi-disant plus la main sur le groupe (à l’époque Melo l’avait sur la franchise)
– Ils aiment les rotations courtes
– Ils ont une faculté à révéler certains joueurs ou à maximiser leur potentiel. Thibs a sublimé Randle et D-Rose, D’Anthony l’a fait avec Stoud’, Nash ou Harden. Saint Thomas a révélé IQ (cf l’article ô combien intéressant de Benoit Lelièvre sur envergure –Envergure – L’importance du contexte dans un cadre de scouting : le cas Immanuel Quickley-), ou Grimes, sans oublier Jimmy Butler ; tous les trois perçus comme des fins de premier tours lambdas (voir seconds tours). Magic Mike l’a également fait avec Chris Duhon, Jeremy Lin, Landry Fields ou James Jones…
– Les deux meurent avec leurs idées et une identité de jeu fortement ancrée maintenue contre vents et marées (cf la fin de l’ami Mike aux Rockets vs la fin de Thibs aux Wolves)
Voilà donc pourquoi, de prime abord, je suis favorable à un maintien de Saint Thomas De Thibodeau. Il me rappelle l’espoir que j’avais en Mike D’Anthony. Foutu subjectivité.
Alors pour quelle raison, j’introduis ce billet d’humeur en qualifiant ma position de « non tranchée » ?
Mon éducation, l’objectivité et la genèse de l’arrivée de Tom Thibodeau en 2020. Autant de sujets sur lesquels je suis partagé.
Mon éducation. Quand on s’engage dans quelque chose, on va au bout. Dans un article pro trade de Donovan Mitchell en juillet dernier j’écrivais : « Aujourd’hui, on ne va absolument nulle part, la saison dernière a été infecte, extrêmement décevante par rapport à l’année précédente. » et « Mais ce que je crois, c’est que l’on a sans doute plus à y gagner (faire le trade) qu’en jouant le statu quo. » En gros, en fin de saison dernière pour moi le projet Thibs est mort avec ce groupe.
Deux solutions s’offrent à NY :
soit on chamboule l’effectif et on donne à Thibs ce qu’il a toujours réussi à faire marcher, un effectif cohérent et fonctionnel autour d’un joueur d’exception,
soit on lui dit au revoir.
Le FO a fait son non-choix. A quoi au juste est ce que l’on s’attendait en confirmant Coach Thibodeau avec le même groupe ? Et a quoi est ce que l’on s’attend en le remplaçant au bout de 20 matchs ? Sauf cataclysme, et ce n’est pas le cas, j’irai au bout de ce choix à défaut de mes rêves.
Mon sentiment ambivalent concernant le COY 2021 me rappelle à une forme d’objectivité. A la fois admiratif de ce qu’il a fait à Chicago et Boston (et NY en 2020-21), mais également très sceptique concernant sa gestion humaine et son passage dans le Minnesota. J’ai toujours trouvé ces équipes enthousiasmantes dans l’énergie, mais pas très plaisantes en termes de fond de jeu. Le genre de réflexion qui n’est pas sans rappeler un bon vieux : « T’es pas beau, mais t’as du charme ».
Et dans ce cas précis t’as intérêt à avoir un sacré charisme. En cela, je vois Thibs comme un coach avant tout mental : soit il te brise, soit il te transcende. Et si la transcendance disparaît de la majeure partie du roster, c’est compromis. Ce qui justifie sans doute la mise à l’écart de certains joueurs à NY, ou la fin cata de son expérience aux Wolves et sa gestion du cas Jimmy Butler.
Pour l’ensemble de ces raisons je n’y crois plus vraiment.
Enfin, rappelons la genèse de l’arrivée de Thibodeau. Comme évoqué par Choubix dans son dernier article, à son arrivée Leon Rose confie le projet à Thibs. Un choix qui se fait dans un contexte particulier, en réaction aux signatures de Kyrie et KD aux Nets.
Lors de l’échec de la free agency 2019, les observateurs mettent en lumière une chose évidente, la flexibilité financière ne suffit plus à s’assurer un avantage lors des négociations estivales ; le projet sportif de la franchise l’est tout autant. En cela, le travail de Sean Marks et Kenny Atkinson est valorisé. Évidement à côté du foutoir de nos chères Knicks, aussi bien au niveau du coaching que du management, ça peut expliquer bien des choses.
Phil Jax, Fisher, Fizdale… pour ne citer qu’eux. C’est dans ce contexte et avec l’objectif d’apporter de la cohérence et de la stabilité que l’on nomme Tom Thibodeau head coach. Et pour boucler la boucle, avons-nous eu plus cohérent que lui depuis le départ de Mike d’Anthony ? Je ne crois pas.
Alors ok, l’année dernière était vraiment pas belle, mais on ne fini pas non plus dans les tréfonds de la conférence Est, et avec un projet décousu. Ainsi, on ne peut pas dire que Thibodeau ait été décevant, on peut même dire qu’il a répondu aux principales attentes en maintenant son cap et ces convictions, aussi discutable qu’elles puissent être.
Finalement, ce qui devait être un billet d’humeur s’est transformé en une introspection chez le psy. La transcendance Thibodienne sans doute. Mon bébé intérieur est resté marqué par l’injustice que j’ai cru percevoir lors de l’éviction de Mike D’Anthony, et l’impact sur mon jugement n’est pas négligeable.
Viré ou pas, tout me va. J’ai du mal à projeter ce groupe au-delà des 8 premières places et d’un succès en play-in. Je me souviens avoir commenter un article de trashtalk sur les réseaux sociaux en début de saison « Si les Knicks, au bout de quelques matchs, vont dans le mur, je les vois bien couper Thibs, trade Randle et sortir le tank ». On m’avait pris pour un hater, mais il n’y a que de l’amour.
Je leur donne 35 matchs avant de se décider, quitte à faire non-choix, le cul entre deux chaises pour changer.
Peace love and unity
Article réalisé en collaboration avec Kevin Desprez pour Knicks Nation France