Jamal Crawford, la Lumière dans les ténèbres.

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Les NY Knicks viennent de sortir d’une saison en demi-teinte. Ils viennent de retrouver les playoffs, exercice qu’ils n’avaient plus connu depuis la saison 2000/2001 et le peu de match ou la nouvelle paire de guard Marbury/Houston a pu jouer ensemble, nous a hypé.

Mais voilà, Allan venait de connaitre une grave blessure au genou et on ne le sait pas encore mais elle sonnera le glas de sa carrière.

Aussi, la direction des Knicks, avec son tout nouveau GM Isiah Thomas, va tenter de mettre plus de talent dans cet effectif et les regards sont portés sur un des agents libres les plus courtisés, un homme natif de Seattle, J-Crossover, j’ai nommé Jamal Crawford.

Il deviendra pendant les 4 saisons dans la grosse pomme l’un des chouchous des supporters et un des joueurs les plus excitant dans le marasme de l’époque.

 

La lumière au bout du tunnel ?

La saison 2003/2004 vient de se terminer sur un sweep en playoff contre les Nets du New Jersey mais dans l’ensemble le championnat a été plutôt positif.

L’arrivée de Stephon Marbury et son intégration ont été plutôt réussie. L’équipe a certes terminé avec un bilan négatif (39w/43L) mais on se dit que sans la blessure d’Allan Houston dans le dernier tier, l’équipe aurait peut-être eut un autre destin.

En tout cas, c’est ce que l’on suppose du côté du Front Office et on est prêt à sacrifier de la flexibilité en salary cap pour faire venir un joueur talentueux qui colle avec l’esprit « New York Basketball ».

C’est ainsi que le 5 aout 2004, dans le cadre d’un sign and trade, les Chicago Bulls ont échangé Jamal Crawford et Jerome Williams aux New York Knicks contre Othella Harrington, les centres Dikembe Mutombo et Cezary Trybanski et Frank Williams.

Avec les Bulls, Crawford a débuté 73 des 80 matchs qu’il a disputé lors de son ultime saison en rouge.

Il a scoré 17,3 points de moyenne par match, 5,1 passes, 3,5 rebonds et 1,4 interceptions en 35minutes.

Il présentait de pourcentage assez honnête avec 39 % de réussite au tir et 83 % de la ligne des lancers francs.

Pour tous les partis, ce trade a du bon. Les Bulls en quête de renouveau, misent sur leur trio Kirk Hinrich, Eddy Curry et Tyson Chandler. De plus ils ne veulent pas se surcharger au poste de guard et veulent garder le contrôle de leur finance.

En procédant à cet échange, ils économisent 18 millions de dollar et se sépare dans le même temps des 25 millions sur 4 du contrat de Jerome Williams.

John Paxson, vice-président exécutif des Chicago Bulls (via Bulls.com) :
« Au cours de ces négociations, nous avons déclaré tout au long, que si nous devions déplacer Jamal Crawford, il serait impératif pour nous de recevoir une flexibilité financière du point de vue du plafond. Non seulement cet accord nous aide à cet égard, mais les joueurs que nous avons acquis ont ajouté de la profondeur à notre roster et vont nous aider cette saison. »

Hormis Othella Harrington, aucun n’aura un avenir dans l’Illinois, Mutombo fera ses valises quelques mois plus tard pour les Houston Rockets et Trybanski sera coupé.

Cependant, à la suite de ce trade, les Bulls retrouveront les playoffs à trois reprises consécutives, alors que pour les Oranges et Bleus ça ne restera qu’un doux rêve mais on n’y reviendra plus tard.

« Nous pensons beaucoup à Jamal, et il est toujours difficile de laisser partir un joueur comme lui, mais la réalité est que les dollars qu’il allait demander seraient difficiles à assumer pour nous. Cet accord nous donne une flexibilité financière pour l’année prochaine et encore plus pour l’année suivante. » (John Paxson via Chicago Sun-Times).

Côté Knicks, les contrats sont expirants et on a l’avis que Jamal Crawford va permettre à la franchise de passer un cap

« Je pense définitivement que Crawford est du calibre All-Star. Lui, Steph et Allan, ces trois-là dans le backcourt, s’ils sont tous en bonne santé, ils sont aussi bon que ce que vous pouvez obtenir. » (Isiah Thomas via ESPN.com).

Avant d’ajouter :

« Il est définitivement beaucoup plus grand que moi. De la façon dont il manie le ballon et de sa capacité à créer, marquer et faire jouer les autres, c’est un jeune joueur qui commence tout juste à comprendre son niveau de talent. L’avoir à 24 ans et un joueur énergique comme Jérôme, une machine à rebondir et un joueur physique, c’est exactement ce dont nous avions besoin. Si Allan avait été en bonne santé, nous aurions pu aller plus loin (dans les playoffs) cette année. Jamal nous donne maintenant une assurance supplémentaire dans le backcourt ». (via Chicago Sun-Times).

Vous l’avez compris, la confiance est de mise dans les bureaux du Madison Square Garden.

 

Il y avait-il la lumière à tous les étages ?

Oui mais voilà tout ne s’est pas passé comme prévu. Vous avez le droit d’avoir des ambitions mais si vous ne mettez les bons ingrédients, vous n’arriverez à rien. C’est à croire pendant les 4 ans de l’ère Isiah Thomas, on ne s’est pas donné comme gage de ne prendre que des mauvaises décisions.

Jamal connaîtra pendant les 4 ans sous les couleurs de notre franchise 5 entraîneurs différents :

2004/2005 : Lenny Wilkens (pour 39 matchs) 

2004/2005 : Herb Williams (pour 43 matchs)

2005/2006 : Larry Brown

2006/2008 : Isiah Thomas

2008/2009 : Mike D’Antoni (pour 11 matchs seulement)

 

Welcome in Stability Land

 

 

Maintenant voilà le roster qui entourait Jamal (ordre classé par match joué) :

2004/2005 : Stephon Marbury, Kurt Thomas, Nazr Mohammed, Tim Thomas, Penny Hardaway, malik Rose, Mike Sweetney, Jerome Williams, Moochie Norris, Maurice Taylor, Vin Baker, Jermaine Jackson, Bruno Sundov.

2005/2006 : Eddy Curry, Nate Robinson, Malik Rose, Maurice Taylor, David Lee, Channing Frye, Stephon Marbury, Quentin, Richardson, Jackie Butler, Qyntel Woods, Jerome James, Antonio Davis, Trevor Ariza, Jalen Rose, Steve Francis.

2005/2006 : Eddy Curry, Stephon Marbury, Channing Frye, Renaldo Balkman, Malik Rose, Nate Robinson, David Lee, Jared Jeffries, Mardy Collins, Quentin Richardson, Steve Francis, Jerome James, Kevin Cato.

2007/2008: David Lee, Jared Jeffries, Nate Robinson, Fred Jones, Zach Randolph, Quentin Richardson, Renaldo Balkaman, Eddy Curry, Malik Rose, Mardy Collins, Wilson Chandler, Stephon Marbury, Randolph Morris.

Honnêtement, est-ce que ces rosters sont bâtis pour aller loin en playoff ? Ou même juste pour s’y qualifier ?
Les discours tenus lors du trade de Jamal sont-ils en adéquation avec les décisions prise ? Surtout lorsque l’on sait que les Knicks étaient la première équipe en masse salariale de la League !

Ok, le salaire d’Allan Houston pesait encore mais était-il nécessaire de donner des contrats toxiques (liste non exhaustive):

Jerome James : 30M sur 5 ans

Eddy Curry : 60M sur 6 ans

Jared Jeffries : 25M sur 5 ans

Quentin Richardson : 48M sur 6 ans (contrat signé avec les Phoenix Suns)

Forcément niveau flexibilité on y est pas et surtout pour des joueurs calibres rôle Player voir moins.
Pendant ce temps, Jamal Crawford fait ce qu’il peut et il le fait plutôt bien et assume totalement le contrat qu’il lui était donné.

Des étincelles sur le parquet en Pro-Am

Il faut dire que de tout jeune, Jamal Crawford a eu le sens de l’attaque. Il est né le 20 mars 1980 à Seattle dans l’état de Washington. Il se tourne rapidement vers le basket.

Son entraineur Mike Bethea au lycée déclarait à ESPN :

« Il a changé le visage du basket-ball lycéen dans l’État de Washington. Il y avait quelque chose de spécial chez Jamal quand il jouait. Partout où il jouait, les gymnases étaient bondés. Tout le monde entendait parler de lui et voulait venir le voir. Il n’y a pas un seul enfant qui passe par Seattle maintenant qui n’essaie pas d’avoir un peu du flair de Jamal dans son jeu. ».

Le natif d’Emerald City a toujours eut le sang vert dans ses veines et même s’il a joué pour de nombreuses équipes (8) et il est resté toujours très proche de la capitale de l’état de Washington.
« Je suis né en 1980 mais le championnat de 1979 résonnait encore pendant que je grandissais. Les Sonics étaient tout pour moi. À l’école primaire, je me souviens que Dana Barros et Xavier McDaniel venaient dans notre école pour s’impliquer dans la communauté. J’ai eu la chance de pouvoir voir ces gars-là grandir. Ils étaient comme des super-héros pour moi. Je me souviens que j’écoutais Barros à l’école et qu’il disait : « Nous devons partir maintenant parce que nous jouons contre Charles Barkley plus tard », et c’était tout simplement incroyable. Ils avaient une aura. »

Lorsque arrive Crawford au lycée, une nouvelle génération de Sonics posent ses valises, exit Dana Barros et Xavier McDaniel laissez la place en un des duos les plus mythiques des Sonics des années 90:
Gary Payton et Shawn Kemp.

C’est cette équipe des Sonics qui a fait la plus forte impression sur Jamal. Il regardait sans cesse des extraits de Kemp postérisant sur le terrain et de Payton trashtalkant à tout va.

Comme la plupart des gosses de Seattle, il rêvait d’être sur le terrain et de lancer des alley hoop au Reign Man ou de tirer un trois points sur un dixième caviar du Glove.

Mais contrairement à la plupart des enfants de Seattle, lorsque Crawford a eu l’âge d’obtenir son permis de conduire, son talent de basketteur lui a permis de transformer le fantasme de la plupart des enfants en réalité.

« Quand j’étais lycéen, j’étais invité aux matchs pro-am (Pro-Am de Crawsover) et je jouais dans la ligue pro masculine », raconte Crawford. « C’est à ce moment-là que je pense être apparu pour la première fois sur le radar du basket-ball plus important. J’ai joué pour l’équipe Friends of Hoops de George Karl. Puis j’ai joué dans des tournois sponsorisés par Nate McMillan. J’ai joué dans les équipes de Gary Payton. Je me souviens avoir joué contre des gars comme Detlef alors que je n’avais que 16 ou 17 ans. « 

Parlons-en de sa rencontre avec Detlef Schrempf (trois fois All Star tout de même). Il a dribblé en transition, a vu Schrempf et il s’est passé ce qu’il devait se passer.

« Je ne peux même pas expliquer ce qu’il a fait », a déclaré plus tard l’assistant coach des Sonics Steve Gordon au San Jose Mercury News.

« Il a pratiquement cassé les chevilles de Detlef à mi-terrain. On pensait qu’il était blessé. »

Une rencontre marquera pour toujours Jamal, toujours avec les Pro-Am, c’est celle d’un autre natif de Seattle, Doug Christie :
« Doug Christie a eu un impact considérable sur ma vie. Il m’a tout montré. Il m’a appris à me préparer, à bien manger, à m’entraîner correctement et même à réparer mes chaussures et mes chaussettes pour être prêt à partir. Je me souviens d’une fois où nous avons joué un contre un avant l’entraînement, et j’étais tellement fatigué que j’ai eu du mal à faire notre séance d’entraînement après. J’ai alors compris que je devais atteindre un autre niveau. Je savais que puisqu’il prenait le temps de me montrer les ficelles du métier, j’allais faire la même chose pour la prochaine génération. »

Adolescent, il a joué au côté du vétéran de la NBA, lors d’une séance Pro-Am. Il était nerveux à l’idée de jouer contre des professionnels et tétanisé par le trac, il n’a marqué que huit points au total lors de ses quatre premiers matchs de summer-league.

« Mince, je suis ici avec des professionnels », se souvient-il avoir pensé. « Qu’est-ce que je vais faire ? »

Ses coéquipiers avaient toujours confiance en lui et en son potentiel. Ils l’ont encouragé à jouer son jeu.

Mais le tournant a été une entorse de la cheville qui frappa Doug Christie et il n’a pas hésité à propulser le jeune Crawford alors âgé de 16 piges dans un rôle plus important.

Celui qui fera partie d’une des plus belles équipes de Sacramento Kings sera un véritable mentor pour lui.

En parallèle de son activité estivale en Pro-Am, il a joué pour Rainier Beach High, une école qui a formé bon nombre de joueur NBA tels que Doug Christie, Nate Robinson, Terrence Williams, Kevin Porter Jr. et Dejounte Murray.

Jamal a amené les Vikings à remporter le championnat d’État 1998 de la Washington Interscholastic Activities Association (WIAA).

En 2001, Rainier Beach a retiré son maillot numéro 23 et en 2018, elle l’a intronisé dans son Hall of Fame.

Pour l’anecdote, il a financé la rénovation du gymnase à la hauteur de 100000 dollars. Le gymnase a été rebaptisé Crawford Court.

Son maillot retiré est affiché à l’intérieur.

Un éclair de la draft 2000 :

Après ses années en Highschool marquées par le succès, Jamal Crawford obtenait une bourse d’études à l’Université du Michigan. Il s’engageait à jouer au basket-ball universitaire avec les Wolverines sous la direction de l’entraîneur Brian Ellerbe.

Cependant, au début de la saison 1999-00, il a été suspendu pour six matchs par la NCAA, qui a jugé rétroactivement que les conditions de vie de son lycée avaient enfreint les règlements de la ligue (La NCAA a déclaré que Crawford, avec la permission de sa mère, a vécu avec un homme qui n’était pas son tuteur légal pendant les trois années où il a fréquenté la Rainier Beach High School à Seattle. La NCAA a déclaré que l’arrangement de vie pourrait être similaire à un athlète ayant un sponsor, et un amateur ne peut pas avoir de sponsor).

Après la suspension, Crawford est retourné à la salle et a contribué avec une moyenne de 16,6 points, 4,5 passes et 2,8 rebonds sur la saison. Après sa campagne de première année, il s’est déclaré pour la draft NBA 2000.

Le voilà donc candidat pour la fameuse draft 2000 qui sera qualifié plus tard comme une des pires de l’histoire.

3 All stars dans ses rangs (Kenyon Martin, Jamal Magloire et Michael Redd), des joueurs de lottery qui s’avèreront être des busts (Stomile Swift (2nd choix), Darius Miles (3ème choix), Marcus Fizer (4ème choix), DeMarr Johnson (6ème choix), Joel Pryzbilla(9eme choix), Jérôme Moïso (11ème choix) entre autre).

A 20 ans, il est sélectionné en 8ème position par les Cleveland Cavaliers qui l’échange dans la foulée aux Bulls contre Chris Mihm, sélectionné lui en 7ème position et du cash.

Le voilà arrivé dans une franchise en pleine reconstruction de l’après Jordan.

Il est un guard Athlétique, 1m98 pour 85 kilos. Il est véloce et se montre efficace des deux côtés du terrain. Habile balle en main, il peut tout autant jouer arrière ou meneur mais c’est au scoring qu’il est le plus efficace. Capable d’éliminer n’importe quel défenseur par ses dribbles chaloupés, il est autant slasher que shooter. Bref, un attaquant plus que complet. Il gagnera rapidement son surnom de « J-crossover »

Passer de l’ombre à la lumière

C’est toute cette force et cette expérience accumulées pendant toutes ces années Pro-Am et universitaire qui donne au jeune Jamal l’envie de mieux faire à chaque fois.

Au bout de 4 ans dans l’antre des Taureaux, ses progrès sont constants.

S’il affiche une moyenne de 11 points, 4 passes, 1 interception et 2.5 rebonds de moyenne, sa dernière année est d’une toute autre facture.

Il marquera même le 11 avril 2004 contre Toronto un sacré carton, puisqu’il planta 50 points devenant par la même occasion le troisième Bulls à réussir cet exploit.

Forcément le jeune homme va avoir des ambitions et il décide de changer d’équipe à l’intersaison de la fin de son contrat rookie.

Paxson déclarait : « Nous ne sommes tout simplement pas en mesure de donner à Jamal le type d’accord qu’il recherchait et Isiah a vraiment bien travaillé pour obtenir le joueur qu’il voulait […] De toute évidence, Jamal est le meilleur joueur de cet accord et ce n’est pas d’abandonner un jeune talent comme celui-là. »

Isiah Thomas avait confessé que Jamal était un joueur pour lequel le club s’intéressait depuis plusieurs mois et il affirmait qu’il était en tête de la liste de souhaite des Knicks pour l’été.

Le joueur était enthousiaste a l’idée de rejoindre Big Apple tout en gardant une légère amertume vis-à-vis de son ancienne équipe :

« Je suis excité parce que je pense que je m’intègre bien aux Knicks, mais c’est doux-amer. Tout n’a pas toujours été parfait à Chicago, mais j’y ai grandi en tant que personne. Chicago sera toujours spécial pour moi. Je me suis toujours senti sous-estimé là-bas. Les fans étaient formidables, mais la direction a choisi des meneurs de jeu (Jay Williams et Kirk Hinrich) deux fois de suite. Et ils ont toujours eu une mauvaise perception de moi en tant que joueur et en tant que personne. L’été dernier, j’étais le plus assidu (aux entraînements d’intersaison). J’ai pris le bus le plus tôt (pour les entraînements d’avant-match sur la route) toute la saison. J’ai mené l’équipe au score. Ce n’était jamais assez. Ce sera bien de prendre un nouveau départ. »

« New York est la scène ultime. Il n’y a pas de plus grand endroit pour jouer au basket ». (via le Chicago Tribune)

Ses débuts sous ses nouvelles couleurs sont sous les mêmes augures que sa dernière saison dans l’Illinois.

Ne craignant jamais de prendre un gros shoot pour son équipe. Il fait forte impression lors de son premier match le 3 novembre en inscrivant 10 paniers et en terminant avec 22 points contre les Timberwolves.

On peut dire qu’il sait comment se faire adorer par les fans, en plus d’une belle prestation pour son premier match, il a effectué 3 interceptions dans 3 de ses 4 premiers matchs et a battu sur un buzzer beater à 3 points Houston à l’extérieur.

Le 4 octobre, il marque plus de 41 points et même si la défaite est encore au bout, il se montre plus qu’intéressant.

Avec la blessure sur long terme d’Allan, les supporters se tournent très rapidement vers Jamal.
En faisant équipe avec Stephon Marbury, la paire de guard est l’une des plus excitante de la League.

D’ailleurs, Marbury connaitra l’une de ses meilleures saisons en carrière associé au jeune Crawford.

Jamal dévaste ses adversaires avec ses crossovers dont seul lui a le secret. Malheureusement, le front court est un peu juste et l’équipe compte à la fin de la saison 33W pour 44 L. Cette saison va résumer finalement la carrière de Jamal dans la Grosse Pomme.

Lenny Wilkens avait laissé sa place à Herb Williams qui n’a pas eu de meilleur résultat (respectivement 17/22 et 16/27).

Un nouveau coach, une nouvelle culture. Larry Brown, le new yorkais, arrive en ville. Il vient de connaître deux finales NBA consécutive avec les Détroits Pistons et Isiah Thomas pense qu’il sera l’homme de la situation pour relancer les Knicks.

Mais encore une fois, à la suite de guéguerres internes, l’équipe déçoit.

Brown ne s’entend ni avec Thomas (qu’il court-circuite pour tenter de monter des trades), ni avec sa star Stephon Marbury (qu’il critique ouvertement son implication dans la presse), l’équipe a connu une de ses pires saisons et finira l’exercice avec un pitoyable bilan de 23 wins pour 59 défaites.

Les arrières sont talentueux mais pensent un peu trop à eux et les intérieurs, dont notamment Curry, qui est pointé du doigts, trop soft et pas assez scoreur.

Vous l’avez compris, on tient là la quintessence de la mauvaise gestion et du mauvais traitement des égos.

J-Cross connait une saison compliquée sur le plan comptable puisqu’il tombe à 14 points par match, 3.8 passes décisives et 4 rebonds.

Larry Brown l’utilise dans un rôle de 6ème homme derrière Q-Rich qui ne justifie en rien son gros chèque (8 points, 1.5 passes d, 3.5 rebonds).

La fin de saison arrive à point nommé et Zeke se sépare de Larry Brown pour s’introniser lui-même coach et GM.

Il faut dire que ce n’est pas une franche réussite puis sous sa coupe l’équipe obtiendra des résultats tout autant médiocre. 2006-2007 : 33-49 puis 2007-2008 : 23-59

Comme une ombre au tableau

Lors de la saison 2006-2007, Jamal est à nouveau dans la peau d’un sixième homme mais après 43 matchs disputés, il retrouve le 5 majeurs mais vilaine blessure vient mettre un coup d’arrêt à ce bel élan (une fracture de stress à la cheville droite) au bout de 15 matchs.

A son retour en tant que titulaire et jusqu’à sa blessure, l’équipe présentait un bilan de 8 victoires pour 7 défaites.

Le bilan global était de 26 victoires pour 32 défaites et les Knicks sont clairement dans la course au Playoff (à deux petites wins du spot 8).

Après avoir marqué son retour dans le starting five avec un beau double/double 29 pts, 11pd et 6 rbds contre Phoenix, J-Crossover produisait un match phénoménal contre le Miami Heat avec 52 points et un très jolie 8/10 à trois et 16 tirs rentrés consécutifs le 28/01/2007 dans un MSG en fusion (record en carrière).

Stephon Marbury disait après cette victoire :
« C’est la meilleure performance que j’ai jamais vu au Garden depuis Michael Jordan ».

Pendant ses 15 matchs en tant que titulaire, Jamal était dans la forme de sa vie. 22 points de moyenne, 4 pd, 1 interception. 40% à 3, 88% aux LF.

L’ironie du sort voudrait que Jamal se soit blessé en célébrant un trois points qui scella la victoire contre Miami (26/02/2007), victoire 99-93. La nouvelle a pris Thomas et l’équipe par surprise. Crawford a déclaré que sa cheville était douloureuse depuis deux ou trois semaines mais qu’il ne l’avait pas considérée comme sérieuse.

La blessure n’a été découverte que lorsque Crawford a passé une radiographie après le match de lundi. Le diagnostic a été confirmé par un scanner puis par une IRM.

Lorsque Jamal Crawford a informé Stephon Marbury qu’il était out pour le reste de la saison, le meneur des Knicks a pensé que son ami plaisait. Mais quand il a compris que le natif de Seattle était sérieux, il s’est effondré et a pleuré pendant plus d’une minute. (Propos rapporté par une source interne)

L’équipe ne remportera que 7 matchs sur les 24 derniers. 12 défaites sont de moins de 10 points.

Maintenant, un vrai What If. Si Jamal Crawford avait fini la saison, il est légitime de penser qu’avec son apport sur ces 24 derniers matchs, le bilan aurait totalement différent et l’équipe aurait très bien put être de 19 victoires pour 5 défaites (je sais je m’enflamme) dans l’hypothèse où ils auraient emporté les 12 défaites de moins de 10 et donc finir avec un bilan de 45w pour 37L.

Allez, même si ils n’en emportent que 7, ça aurait fait un bilan de 40/42 (même bilan que les Orlando Magics et les Knicks avaient le cut car ils les avaient battu 2 fois 94-86 et 100-94).

Enfin, avec des « si », on serait déjà 2 fois champion.
Isiah Thomas a été à deux doigts de réussir ce que d’autre n’ont pas fait avant mais l’histoire en veut autrement.

Derrière un Eddy Curry qui connaîtra sa meilleure saison en carrière (19 points / 7 reb à 57% au tir), la paire de guard est au diapason :
Jamal Crawford : 17.6 points, 4.4 passes, 1 interception, 40% au tir et 32% à 3.
Stephon Marbury : 16.4 points, 5.4 passes, 1 interception, 41% au tir et 35% à 3.
Quentin Richardson, Steve Francis, David Lee et Nate Robinson complètent le tableau.

Une éclaircie dans le désespoir

La saison suivante est alors pleine d’espoir.

Out Steve Francis et Channing Frye (le seul choix de lottery sous l’ère Isiah Thomas) et bienvenue Zach Randolph des Portland « Jail » Blazers.

Mais il y a comme un chose qui s’est brisé et l’élan que l’on pouvait espérer retrouver avant la blessure Jamal Crawford n’aura finalement pas lieu.

L’équipe s’effrite, l’état de grâce d’Eddy Curry n’a duré qu’un temps, Stephon Marbury ne devenait bientôt plus que l’ombre de lui-même.

Seul le trio Randolph-Lee-Crawford semble pourvoir exister.

Les oranges et bleus n’arrivent pas à enchaîner les victoires et on comprend rapidement que la saison va être longue, très longue.

Cependant, dans ce marasme, Jamal semble tirer son épingle du jeu.
Il fournira la meilleure saisons de sa carrière avec 20 points de moyenne, 5 passes décisives, 1 interception. 41% au tir, 35% à 3.Jamal, à 27 ans, entre dans son prime mais malheureusement pour lui, l’équipe ne suit pas et elle aura le 4ème pire bilan ex aequo avec les Los Angeles Clippers .Jamal montrera tout l’étendu de son talent dans une position de titulaire qu’il retrouve.Il marquera un jolie 43 points contre Toronto et 39 points contre Atlanta, avec notamment un beau 10 tir à 3.Avec ses 176 tir à trois points convertis, il produira le 7ème meilleur total de la ligue.

James Dolan tape du poing sur la table et remercie Isiah Thomas.

Mike D’Antoni arrive au Madison Square Garden dans le but de redresser la barre lors de la saison 2008-2009. Il sera le 6ème coach depuis 2002. Il y a du talent dans cette équipe et pour le jeu rapide de D’Antoni, ça peut être le bon fit.

Les débuts sont prometteurs, 6 victoires pour 5 défaites mais voilà, à New York, on a les yeux plus gros que le ventre et à l’approche de l’intersaison 2010 qui s’annonce folle (Lebron, Wade, Bosh, Stoud, tous free Agent), on se demande s’il n’y a pas un coup à faire.

Donnie Walsh (qui a remplacé Thomas en tant que Général Manager) a une mission, nettoyer le bazar laissé par son prédécesseur afin d’avoir de la flexibilité financière pour attirer une superstar comme Lebron par exemple (clin d’œil / clin d’œil).

Crawford est encore sûr de bonne base, 20 pts, 4.4 pds et 45% à 3 et Zach Randolph est à 20 pts aussi et 12 rebonds.

Ils représentent les deux valeurs marchandes sérieuses. Eddy Curry ne sait plus s’il est basketteur et le contrat de Stephon Marbury est en buy out. Donc il faut bricoler quelque chose. Le contrat de Crawford se termine en 2011 mais on hésite à le resigner.

Le couperet tombe le 21 novembre 2021 et Donnie Walsh procède à deux trades coup sur coup.
Jamal Crawford part à Golden State contre Al Harrington et Zach Randolph est échangé aux Clippers avec Mardy Collins contre Tim Thomas et Cuttino Mobley.

Autant le dire tout de suite, on s’est débarrassé des joueurs.

Les Knicks se sont amputés de leur deux meilleurs scoreurs, il n’y a donc plus rien à espérer pour le reste de la saison et l’équipe finira avec un bilan de 32 victoires pour 50 défaites.

Donnie Walsh est resté fidèle à son plan et pour tenter de ressusciter cette franchise autrefois fière, il fallait faire des choix fort et malheureusement Jamal en a payé les pots cassés.

 

Une seconde partie de carrière auréolée de succès

Il ne restera qu’une petite saison aux Warriors avant d’être échangé aux Hawks (de Joe Johnson, Josh Smith et Al Horford).

Il y remportera en 2010 son premier des trois trophées de 6ème homme de l’année (18 points, 3 passes).

Il s’engagera avec Portland pour deux ans. Mais il ne pas pas faire long feu dans l’Oregon puisqu’il va très vite décliner sa player option.
Il part alors pour les LA Clippers où il signera un contrat de 4 ans pour faire partie de l’équipe de Lob City (Chris Paul, Blake Griffin, DeAndre Jordan) de 2012 à 2017.

C’est à L.A il va décrocher ses deux autres trophées de 6ème homme en 2014 (18 points, 3 passes) et 2016 (14 points, 2.3 passes).

Enfin il poursuivra sa carrière à Minnesota (2017-2018), aux Suns (2018-2019) et enfin aux Nets de Brooklyn (2019-2020) à 40 ans.

Dans sa carrière, il n’ira jamais plus loin que les demi-finales de conférence que ça soit à l’est avec Atlanta ou à l’Ouest avec les Clippers.

Lors de son dernier match avec les Phoenix Suns (et même en carrière car ce ne sont pas les 5 minutes de jeu contre Milwaukee, le 04/08/2020, dans la bulle, avec les Nets de Brooklyn qui veulent dire grand-chose), le 09/04/2019, il collera 51 points à Dallas le tout en 28 minutes…

.dans une défaite malheureusement.

Un amoureux du panier/ballon

A 40 ans, il continue de jouer pour les Seattle Crawsover notamment avec Nate Robinson et compte être comme Doug Christie, un de mentor pour la jeune génération.

Il a toujours maintenu un camp d’été dans lequel il a convient des joueurs phares de la NBA pour qu’Emeralde City reste connectée au basket de haut niveau.
Il habite à Seattle, durant toute sa carrière, il ne s’est jamais trop éloigné de sa ville natale et il y retournait autant que faire se peut.

Jamal a aidé le jeune Dejounte Murray à se sortir de la rue et de la criminalité, alors qu’il était à l’époque un joueur des Clippers. Venant de la même ville que lui et fréquentant le même établissement scolaire,

J-Crossover avait eut vent de ses talents basketologiques de son cadet. Il a tout tenté pour aider le meneur des Spurs à s’en sortir mais comme on dit il faut parfois toucher le fond pour remonter.

Après un mois de prison, à sa sortie, il a reçu des tonnes d’appels, de SMS de Jamal. Il également soutenu sa mère, ses sœurs et ses oncles. Sa bienveillance ont permis au jeune talent de réaliser son rêve, jouer en NBA.

D’ailleurs Dejounte déclarera :
« Il nous a aidés. Il était définitivement là pour nous si jamais nous avions besoin de quelque chose. Il est toujours resté positif avec moi et ma famille. Il a toujours aidé ma famille, ma mère, ma sœur, mes oncles. Il est resté en contact avec moi. Il leur disait de s’assurer que ma tête était droite. « Ce gamin a une chance ». J’ai vu plusieurs messages de mes oncles, de ma mère, qui disaient que Jamal m’avait envoyé des textos et des petites choses comme ça.« Kevin Porter Jr, la jeune star des Houston Rockets, lui aussi passé par Rainier Beach High disait de Jamal Crawford :
« En fait, tout tournait autour de ce qui se passait en dehors du terrain. Jamal m’a parlé de la façon de réussir en dehors du terrain. Comment être un modèle. Il m’a dit que je devais grandir dans ma maturité mentale et en tant que leader. Et il me disait : ‘Tu sais, tu pourrais vraiment devenir quelqu’un de spécial, une fois que tu l’auras trouvé’. Et je sens que je l’ai maintenant. « Quand j’ai perdu mon père, je ne savais pas vraiment ce que c’était que d’avoir une figure paternelle. Avec lui, il remplissait ce rôle pour moi. C’est une bénédiction, vraiment. »

Autre anecdote, Michael Jordan, à 39 ans, a joué contre une version plus jeune de lui-même, incarnée par Jamal Crawford, joueur des Bulls, dans une publicité Gatorade de 2003.

J-Crossover disait via Roderick Boone de The Athletic:
« Je ne peux même pas dire que c’était un rêve devenu réalité parce que je ne l’ai jamais rêvé. On ne rêve pas de ce genre de choses. Je n’arrivais donc pas à y croire. Aujourd’hui encore, ça ne me semble pas réel. Mais je me souviens qu’il voulait que je joue son rôle dans la publicité, et je lui ai demandé : « Qu’est-ce que je dois faire ? ». Et il m’a dit : « On joue juste un contre un. Lis quelques lignes et on joue en tête-à-tête ».
« Il parlait vraiment mal et nous avons joué et c’était juste un moment amusant. Nous avons tourné au United Center, que je connaissais bien car c’est là que se déroulaient nos matchs. Et j’ai été payé pour ça. Je me suis dit : « Mec, je suis payé pour faire une pub avec lui ? Je l’aurais payé et lui aurais juste dit de me laisser n’importe où sur le plateau. »»

Jordan aurait lui-même demandé à Crawford d’endosser ce rôle. This Airness a vu un peu de lui-même en Crawford, ce qui est la plus grande forme d’éloge venant de l’icône des Chicago Bulls et de la légende de la NBA.

Crawford a déclaré que ses deux équipes préférées pour lesquelles il a joué étaient les Knicks et les Clippers.
La première était à cause de l’énergie du Madison Square Garden, où le pouvoir des stars lui donnait l’impression d’être sur scène à chaque match. La seconde, parce qu’avec Chris Paul, Blake Griffin et DeAndre Jordan dans l’effectif, L.A. était alors un candidat légitime au titre.

 

 

Jamal Crawford est un basketteur, un vrai. C’est sur, dit comme cela, ça peut paraître idiot mais il a l’amour du basket, il sent le basket, il respire basket. Il joue encore à plus de 40 ans dans les ligues Pro-Am pour le plaisir de jouer, de voir, de dispenser de bon conseil.

On ne retiendra de sa carrière que du basket, aucune histoire, aucun badbuzz. Un good guy.
Ses crossovers sont rentrés dans la légende, il est un joueur qui détruisait les défenses adverses avec facilité et élégance. Il avait un jeu qui collait tellement avec la passion du basket à Gotham, un basket au feeling.

Il a su pendant les 4 années sous le maillot Orange et Bleu conquérir le cœur des fans qui étaient tellement triste de le voir partir pour une hypothétique signature d’une super Star, et finalement on n’a jamais eu.

Ah cette foutue blessure de 2007 ! Qui sait s’il avait terminé la saison, peut être qu’on serait aller en playoff, Isiah Thomas ne serait pas autant détesté par les fans et Jamal aurait rempilé 4 ans de plus mais ça ce n’est que de la fiction.

Il n’a jamais été sélectionné pour le All Star Game alors qu’il a connu quelques saisons qui auraient mérité d’être sanctionné par une étoile.

Toujours au service du collectif, ses trois nominations comme meilleur 6ème homme démontrent à quel point il était un élément précieux dans un vestiaire et sur le terrain. Un vrai co-équipier.
J-Cross aime les Knicks et les supporters ne peuvent qu’aimer ce joueur. Il a formé un back court des plus excitant avec Starbury, un backcourt qui sent le playground, qui sent le basket de rue, peut être un peu trop.

Article proposé par Sébastien Gournès pour Knicks Nation France

Statistiques en carrière de Jamal :

Season Tm G GS MP PTS FG% 3P% FT% TRB AST STL TOV
2000-04 CHI 244 118 26.0 11.2 .397 .339 .820 2.4 3.8 1.0 1.8
2004-08 NYK 299 221 36.9 17.6 .407 .353 .840 2.9 4.4 1.1 2.4
2008-09 GSW 54 54 38.6 19.7 .406 .338 .889 3.3 4.4 0.9 2.3
2009-11 ATL 155 0 30.7 16.1 .437 .363 .856 2.1 3.1 0.8 1.8
2011-12 POR 60 6 26.9 14.0 .384 .308 .927 2.0 3.2 0.9 1.9
2013-17 LAC 370 34 27.9 15.3 .414 .354 .880 1.8 2.6 0.8 1.7
2017-18 MIN 80 0 20.7 10.3 .415 .331 .903 1.2 2.3 0.5 1.2
2018-19 PHO 64 0 18.9 7.9 .397 .332 .845 1.3 3.6 0.5 1.5
2019-20 BRK 1 0 6.0 5.0 .500 .500 0.0 3.0 0.0 0.0
Career 1327 433 29.4 14.6 .410 .348 .862 2.2 3.4 0.9 1.9

 

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