RJ Barrett et le flan coco

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Ceci est un article visant à donner mon ressenti concernant RJ Barrett, comme évoqué lors du dernier podcast de The Knicks épisode. Sa situation ravive les vieux poncifs relatifs à la gestion passée des Knicks. Je précise mon admiration pour le joueur et ce qu’il a accompli pour en arriver où il en est aujourd’hui. L’idée n’est pas de l’accabler mais de comprendre les raisons qui nous amène à la situation actuelle : un joueur annoncé star mais décevant pour certains et qui reste un joueur majeur de notre équipe en route pour une qualification en playin a minima. Une saison plaisante pour nous avec un arrière-goût de trop peu concernant le Mapple mamba. Comme quand je commande un flan coco, et qu’il a le goût du flan classique. Ce n’est pas les quelques copeaux qui changent la donne. Désolé ce n’est pas un flan coco.

Le cas Barrett divise. Au sein de la fan base, jusque chez les observateurs. Ayant pour habitude de vous dresser un petit bilan tous les 10 matchs voici ce que j’en conclu au bout de 60 : RJ peine à trouver sa place, ses marques et à jouer avec confiance. On connait la bête, il peut très bien inverser la tendance d’ici quelques semaines, mais l’objectivité nous ramène aux faits : RJ arrive à la fin de son contrat rookie et montre plus d’inconstances et de maladresse que de progrès.

Sans parler d’une déception absolue, RJ reste un pick 3 qui a été plus qu’honnête durant ces deux premières saisons, mais qui stagne durant les deux dernières. Une star annoncée en difficulté pour confirmer ce statut.

 

Life before Knicks

Car il y a toujours une vie avant (et après) les Knicks il est important de revenir sur le contexte pré-draft avec petite mise en perspective du contexte en me basant principalement sur le travail d’envergure.

Drafté en troisième position en 2019, RJ Barrett faisait l’unanimité auprès des scouts NBA. L’année précédant sa venue à Duke, il était même classé en tête de certains big board.

Et pour cause RJ a été décisif et dominant lors de ses années lycée. Il a marqué les esprits à l’échelle internationale lors de son tournoi U19 Fiba où il a dominé la compétition, avec en point d’orgue son match monstrueux face aux USA qu’il fait tomber à lui tout seul : 38 points 13 rebonds 5 passes décisif 0 pertes de balles.

Le joueur est annoncé complet des deux côtés du terrain et ultra dominant. Demeure un questionnement, sa marge de progression : est-ce un produit fini ?

Son passage à Duke confirme tout le potentiel que l’on voit en lui : 22.6 points, 7.6 rebonds, 4.3 passes.

Associé à Zion Williamson et Cam Reddish, RJ se retrouve souvent à la création assumant même le rôle de meneur sur certaines séquences. Il est cependant critiqué, si on parle toujours d’un potentiel légitime au top 3 de la draft, sa saison est tout de même considérée comme décevante.

Les principales critiques tournent autour de son tir (et de son évolution), sa sélection de tir est forcée sur certaines séquences, son handle semble un peu brut, ses efforts défensifs et sa vitesse latérale sont questionnés. Enfin, ressort le fait qu’il ait besoin du ballon pour exister.

 

Mais le profil physique et athlétique l’emporte sur tout le reste ; sa faculté à accéder au panier, à provoquer des fautes et à absorber le contact étant impressionnante.

Bien que friable sur le tir, sa mécanique rassure et il est dit qu’elle peut laisser entrevoir une progression.

Enfin, les flashs montrés à la passe et sa présence au rebond en font un potentiel profil d’initiateur all around des plus alléchants. Malgré les quelques critiques concernant sa défense, on considère qu’il a les outils pour pouvoir à minima ne pas être négatif dans ce secteur.

Enfin son profil mental rassure tout le monde, il est vu comme un compétiteur hors pair possédant de surcroît un entourage stable et bien au fait des impératifs de la vie d’un sportif.

Un questionnement majeur : Quelle progression dans le tir ?

Quand la draft 2019 débute et que Zion Williamson et Ja Morant sont choisi en 1 puis en 2, le choix évident est celui de RJ Barrett : on annonce que New York vient de choisir un joueur taillé pour le contexte NBA, un potentiel initiateur de jeu, polyvalent, long, athlétique et mature apte à s’exprimer dans le spacing NBA.

A lire : Envergure – RJ Barrett – Scouting reports & stats

A écouter : Envergure | Envergure S02E01 – Barrett, Reddish & co : présentation des tops prospects 2019 (P1) | Ausha

A voir : (3) RJ BARRETT (DUKE) : UNE CHANCE POUR LES KNICKS ? (Avec Envergure) – YouTube

 

Take that for data

Pour analyser la situation de RJ en Nba il est bon de commencer par un état des lieux de ses quatre saisons à New York avec ce que l’on chiffre. N’étant pas très à l’aise avec les stats je vais tenter de faire succinct.

Matchs Min Pts Rbs Pds Inter BP PER Lf% 2p% 3p% Rôle
56 30 14,3 5,1 2,6 1 2,2 10 61% 43% 32% 3ème option

#1 Morris 19,6

#2 Randle 19,5

72 35 17,6 5,8 3 0,7 1,9 13,4 75% 46% 40% 2ème option

#1 Randle 24,1

#3 D.Rose 14,9

70 35 20 5,8 3 0,6 2,2 13,7 71% 44% 34% 2ème option

#1 Randle 20,1

#3 Fournier 14,1

53 35 19,7 5,2 2,8 0,5 2,2 12,8 75% 48% 32% 3ème option

#1 Randle 25,1

#2 Brunson 23,7

*carreer high

Une summer league empruntée pour RJ Barrett. Sans être catastrophique, il a eu du mal à affirmer son jeu en étant opposé à une concurrence plus athlétique. Benoit Lelièvre dira d’ailleurs « beaucoup de reds flags ». Influence positive sur l’équipe, mais une impression visuelle plutôt décevante malgré une progression au fur et à mesure des matchs.

D’abord dans un rôle de 3ème larron et porteur de balle derrière Marcus Morris et Randle, puis dans un rôle de 2ème option après le départ de Marcus Momo, RJ a connu une saison rookie correcte mais écourtée par le covid.

Les doutes concernant son tir vont se confirmer. Les observations de la summer league sont toujours d’actualité, RJ a besoin de temps, il est physiquement prêt à relever le défi NBA, mais doit progresser afin d’ajuster son jeu.

Symbole d’une saison en demi-teinte : sa non-sélection dans les all rookies team laisse planer un sentiment de doute, en témoigne également l’article de Shaï Mamou sur Basketsession : RJ Barrett, l’inquiétante comparaison avec le bust Josh Jackson (basketsession.com).

Sa seconde saison est bien plus encourageante, même si la sélection de tir pouvait être approximative. L’équipe est mieux coachée avec l’arrivée de Tom Thibodeau. RJ Barrett nous apparaît même efficace défensivement. Une saison vraiment encourageante notamment lorsque l’on note une belle progression au tir.

Sa troisième saison reste un poil décevante, une régression dans le tir derrière l’arc avec un volume plus important (+1,5 tir) et une influence sur le jeu plus relative. La saison en cours est toujours aussi délicate, on a le sentiment d’une stagnation et d’un impact sur le jeu discutable en témoigne ses stats avancées en dessous de la moyenne du PER depuis ses débuts. Inquiétant également, on l’a vu lors d’un match avant le all star break être ciblé défensivement par l’attaque adverse. Son irrégularité dans la performance et dans le tir sont mise en avant.

Sans parler d’un bust absolu, c’est surtout ce que l’on voit soir après soir qui questionne.

 

Hard Knicks Life

Alors qu’est ce que l’on voit et ce qui semble le mettre en difficulté ? Si je devais improviser et jouer au scoot (pas ceux de la forêt !!) Qu’est-ce que je noterais ?

Point fort Correct mais à travailler Questionnement
  • Létal sur jeu de transition et jeu rapide
  • Très fort sur l’attrapé jouer (lorsqu’un décalage est déjà fait)
  • Potentiel two way/all around player
  • Mental d’acier
  • Présence au rebond
  • Outils physiques
  • Défense collective
  • Qualité de passes
  • Lecture de jeu
  • Aisance balle en main /Handle
  • Vitesse latérale
  • Pull up et capacité à créer de la séparation
  • Progression globale et au tir
  • Sélection de tirs (irrégulier et cata par séquences)
  • Capacité à jouer off ball
A mon sens le canadien comprend le jeu, il est capable de passer sur phase arrêtée et sur drive and kick, de faire les bons choix… Il donne parfois l’impression d’avoir une vision tunnel, mais elle est fausse selon moi.

Je pense qu’il fait le choix de forcer le tir, ce qui est un peu gênant d’un point de vue collectif, mais qui montre un caractère et une force mentale a tout épreuve.

Lorsqu’il a un boulevard, de l’espace et qu’il est lancé RJ est extrêmement efficace pour aller au panier, c’est lorsque le jeu se ralenti et en phase arrêtée qu’il est plus en difficulté pour le faire.

Cependant lorsque le décalage est déjà fait et que son défenseur a un peu de retard, il est très efficace pour attraper et jouer.

Enfin, les bribes défensives de la saison 2020-21 témoignent d’un joueur a minima volontaire et au potentiel fonctionnel défensivement.

Cette saison RJ est en difficulté, l’arrivée de Jalen Brunson a redistribué les cartes.

La réorganisation collective à réaménager certains rôles, et cela a dû jouer sur la confiance du canadien.

D’autant que c’est un joueur qui a toujours joué avec la balle en main : JB et Julius Randle l’utilise énormément également.

Deux secteurs du jeu importantissime de la nba actuelle font défaut à RJ cette saison : son tir extérieur et sa défense.

Sa défense était correcte dès sa deuxième saison, alors pourquoi pioche-t-il autant cette saison ?

Exposé au niveau de sa mobilité latérale et le fait qu’il ait du mal à descendre sur ces appuis, il avait habituellement la capacité à compenser par sa volonté, son investissement et sa longueur.

Est-ce mental ? Un moment de moins bien ? Peut-être mais les équipes alignant plus d’un joueur avec des difficultés défensives dans leur lineup se font rares, la paire Kemba-Evan l’a prouvé l’an dernier.

De même les équipes alignent rarement plus d’un non shooteur, et RJ de par son irrégularité chronique au tir peut faire partie de cette catégorie de joueur, d’autant que les Knicks n’ont pas une équipe qui space beaucoup.

A titre d’exemple regardez la situation de Russell Westbrook aux Lakers, deux saisons en demi-teinte où l’ex MVP (peu à l’aise sur le tir extérieur) a perdu tout crédit dans une équipe qui … avait des difficultés de spacing.

L’évolution de son tir ne me gêne pas plus que ça, ça faisait partie du pari initial, et à la vue de ces % aux lfs à Duke, une forte progression restait hypothétique.

Ce qui me dérange plus, c’était le profil annoncé : un potentiel initiateur de jeu qui vit balle en main.  Loin de moi l’idée d’émettre un jugement critique concernant les scouts dont j’admire tant le travail.

Mais avec mon approche de fan binaire, quand je pense initiateur j’imagine du handle et de l’aisance balle en main. Or ce sont des aspects identifiés comme étant limités chez RJ.

Cette lacune le met en difficulté pour naviguer dans les défenses, jouer ces 1vs1, rester lucide, limiter les pertes balles et distribuer. Il peine parfois à conserver le contrôle de la balle, perd des ballons sur son dribble qui est haut, et n’est pas très à l’aise dans les changements de directions (seul son reverse est efficace sans être transcendant).

Associé à ses difficultés au tir vous obtenez un « initiateur » très peu efficace dans le pull up et l’habileté balle en main, deux qualités inhérentes aux porteurs de balle. Sa force principale (capacité à accéder au cercle) s’en trouve impactée, preuve en est, il fait partie des joueurs nba tentant le plus de floatter (12ème je crois mais c’est aussi dans ce classement le moins adroits). Tir majoritairement utilisé par les joueurs de petite taille pour éviter les contres, RJ l’utilise parce qu’il peine à faire des différences face aux athlètes nba. Les défenseurs profitent de sa difficulté à pull up pour prendre un peu de distance défensivement et ne pas se faire prendre par ces longs appuis. Le serpent qui se mord la queue.

Et on en arrive au fait que RJ a toujours dominé physiquement, mais aujourd’hui il a en face de lui des athlètes à son niveau voir qui le surpasse. C’est ce qui explique à mon sens sa difficulté à transposer son jeu au niveau supérieur. Cette même difficulté que l’on avait perçu lors de son passage Duke, lors de ses premiers matchs de summer league.

Il est intéressant de noter que les limites que nous constatons avaient été identifiées par les scouts en contexte pré-draft : tir, marge de progression, défense, handle.

 

99 problems…

Alors qu’elles sont les raisons des difficultés du Canadien préféré des New Yorkais ? Est-ce tout finalement un mauvais choix de draft ?

On a déjà évoqué le sujet, le soir de la draft le choix qui s’impose est celui de RJ Barrett.

Tous les scouts s’accordaient à l’époque sur le potentiel du joueur. Alors est ce que comme à Duke, on n’en attendait pas trop ?

Sa pose surtout la question légitime de son potentiel réel et des projections qui allaient avec ?

En sortie de lycée on se demandait si c’était déjà un produit fini ?

Le joueur dominait la concurrence de par sa maturité physique. Son passage à Duke avait atténué ces différences, celui en NBA les a annihilés. A-t-on surestimé son potentiel à la suite de son match monstrueux face à team USA ?

Je ne crois pas, puisqu’il avait visiblement montré des éclats similaires avec Montverde.

La question qui me tarode c’est plutôt celle des qualités naturelles et intrinsèques d’un joueur misent en relation avec son potentiel rôle projeté.

RJ Barrett était considéré comme un potentiel initiateur NBA parce qu’il avait déjà ce rôle (en jeune) et de par sa capacité élite à accéder au cercle.

En croisant les questionnements pré-draft aux constats que nous faisons après quatre saisons aux Knicks, on peut supposer que cette qualité élite reposait en grande partie sur ses outils physiques et athlétiques. L’absence d’un tir fiable et d’aisance balle en main auraient-elles dû questionner plus ? Ou est-ce que la difficulté du joueur à exister off-ball et sa force mentale allié à sa détermination à être THE GUY, l’ont emporté ?

A moins que ce ne soit une question de contexte…

 

Yo you’re a Knick !!!

Le fameux contexte de New York pourrait-il tout expliquer ?

Un bon vieux « So Knicks » rassurerait tout le monde, mais on est à New York pas à Seattle : jeu de
mots 😉 . Drafté en 2019, le canadien débarque aux Knicks après l’immense déception des signatures de KD et Kyrie à Brooklyn.

Pour sa première saison, RJ partage la gonfle avec les gloutons barjots adeptes du croquage et des œillères que sont notre Juju international et Marcus Momo.

Ajoutez à cela le coach « défensif » ayant réussi à se mettre à dos le vestiaire du Grit n Grind de Memphis à qui on montre la sortie au bout de quelques matchs et vous avez un contexte relativement complexe : pas super bien entouré, deux coachs pour sa première saison et tout ça l’année du covid.

Le départ de Marcus Morris aux Clippers a coïncidé avec une impression visuelle plus positive, avant que le covid ne vienne le couper dans son élan.

Pas l’idéal donc, mais le rookie a eu le champ libre et la balle en main. Sa non sélection dans les all rookies team a fait un peu jaser, mais avec le recul Coby White, Kendrick Nunn, Eric Paschall ou Terence Davis … pas sûr que j’échangerais un de ces gars-là pour le canadien.

Arrive ensuite, Leon Rose et Tom Thibodeau, l’idée étant d’apporter une caution crédible au projet sportif New Yorkais après la déroute de l’intersaison 2019.

Et depuis lors, RJ a toujours bénéficié d’un rôle stable et majeur : un titulaire poste 2/3, 35 minutes par match, la balle en main et la quinzaine de tirs qui va avec.

On peut toujours questionner le plan de jeu de New York, la complémentarité avec Randle ou Brunson, mais on ne peut pas dire que l’on n’a pas laissé sa chance au produit.

Était-ce le meilleur contexte sportif ? Peut-être pas mais ce n’était pas le pire. Pour rappel depuis l’arrivée de Thibs et Rose c’est Mitch Robinson, Grimes, IQ, Mc Bride ou Jericho Sims qui ont bénéficié d’un rôle significatif et adapté à leurs profils. Obi Toppin fera toujours débat mais ce n’est pas cata non plus comme gestion.

L’arrivée de Brunson a redistribué les cartes et force est de constater que l’utilisation qu’il a du ballon est bien plus efficiente que celle de RJ. Même quand le canadien joue avec la seconde unit, IQ est tout aussi légitime pour porter le ballon.

 

R force one ?

Plus que le contexte n’est-ce pas finalement une question de rôle ?

Très efficace pour attraper jouer après un décalage, plus adroit sur le catch n’shoot que sur le pull up et potentiel all around player.

Et si RJ se réinventait off ball pour espérer s’approcher d’un impact à la Wiggins ou à la Iggy ?

J’en reviens à ma marotte, l’aisance balle en main. Je sais, je me répète mais un jour un coach m’a dit « la pédagogie c’est la répétition ». Affreux gauchos que j’étais, je fus scandalisé par cette façon d’essentialiser la saint cro sainte pédagogie. Vieil aigris que je suis aujourd’hui, je retourne ma veste et j’applique ce précepte comme si c’était le mien. A chaque fois que l’on se laisse aller à une comparaison avec RJ, je me retrouve avec la même chose qui me saute aux yeux l’aisance balle en main : Demar Derozan, Tyreke Evans ou Evan Turner tous ces mecs-là avaient la capacité à naviguer dans les défenses soit pour accéder au cercle soit pour chasser leur zone préférentielle et user du pull up.

Quant aux filous qui le comparent à Jimmy Butler… désolé mais à la fin de son contrat rookie, en plus de l’arsenal offensif, Butler avait proposé la défense individuelle la plus efficace jamais vue sur Lebron, avant l’arrivée de Kawhi.

Donc restons calmes, respirons et ouvrons nos chacras. Viser une progression à la Butler ou à la Jaylen Brown dans l’avenir pourquoi pas mais soyons mesurés.

 

If you’re reading this it’s not too late

Alors de quoi l’avenir de Rowan va-t-il être fait ? Une chose est sûre ses prochains matchs risquent d’être absolument déterminants concernant son avenir à New York.

On le sait capable de performer et d’apporter à l’équipe, on l’a vu sur plusieurs matchs cette saison : OKC, Toronto ou Miami par exemple.

C’est surtout sur la régularité qu’on l’attend le plus, et
sa capacité à jouer juste.

Doit-il réfléchir à une évolution de son rôle plus en adéquation avec ces qualités intrinsèques ? Si la réponse est non ça passera par une progression significative de son handle et de sa capacité à pull up à minima. Si la réponse est oui, il faudra apprendre à exister off ball et à retrouver son efficacité défensive. Se réinventer est au combien difficile, surtout lorsqu’on a eu une étiquette de star très tôt.

La franchise devra se positionner pour trouver le meilleur moyen d’accompagner son joueur vers ce nouvel objectif. Mener une réflexion sur son fond de jeu ne serait pas de trop.

La circulation de balle est pauvre, comme en témoignent les statistiques de passes décisives de cette saison (30ème NBA). L’attaque des Knicks se résume à une succession de main à main suivi de 1vs1 où Randle et Brunson conservent la balle 12 secondes sur 24 #caricature.

Incontestablement efficace cette saison, mais ce n’est pas la meilleure façon de valoriser et de développer le jeu sans ballon. RJ Barrett est très bon joueur de basket, c’est le fait de l’avoir attendu comme un initiateur qui me le rend décevant.

D’où mon parallèle tiré par les derniers cheveux qui me restent. Lorsque l’on me vend un « Flan coco » il faut me faire voyager, je m’attends à ressentir la rondeur et la saveur si singulière de ce fruit. Si j’ai juste la texture des copeaux entre les dents ça ne me suffit pas, même si ce sont de très bons flans…

Comme beaucoup de joueurs avant lui, RJ Barrett a survolé les catégories jeunes grâce à sa maturité physique, et cela n’a pas favorisé le développement d’autres qualités.

C’est une situation qui arrive à des gens bien, c’était aussi le cas de notre Juju, qui a mis du temps à prendre la mesure du contexte NBA ; contrat rookie non prolongé avec les Lakers on le rappelle.

A titre d’exemple, Thierry Henry avait expliqué que sur certains entraînements à Clairefontaine, on l’interdisait de faire des différences grâce à sa vitesse afin de développer ses qualités de dribble, d’anticipation et de placement.

Dans tous les cas, nous n’avons pas drafté un bust et on est bien loin des Jabari Parker, Mike Beasley ou Marvin Bagley, encore plus des MKG, Jahlil Okafor et Darko Milicic de ce monde. Comme l’a évoqué Rémi Reverchon, il se pourrait bien que l’été soit charnière pour la franchise et le joueur.

Si un trade arrive, ne perdons pas de vue les Wiggins, Oladipo ou Chauncey Billups, tous draftés dans le top 3 et qui ont eu besoin d’un autre contexte pour pouvoir s’exprimer pleinement. Et c’est tout le mal que l’on souhaite à notre RJ, si d’aventure il venait à être transféré.

Les carrières sont longues et beaucoup de choses peuvent se passer. Au pire il fera partie des Keith van Horn, Christian Laettner ou D’Angelo Russell, des gars draftés dans le top 3 avec une carrière peut être en deçà des attentes, mais ma foi tout à fait honnête.

 

En attendant le dénouement de cette histoire une petite chanson résonne dans ma tête sur un air de « Trop peu de temps » de Daddy Nuttea :

Il y a trop peu de temps à vivre RJ

Pour jouer comme un rookie

Si tu dois partir

On aura trop de peine

On s’est connu on t’a drafté

La bave aux lèvres, et si brillant était l’avenir

Et, je t’ai vu lutter

Sans rémission aucune, pour le meilleur et pour les Knicks

Nos destins étaient liés

Comme dans une tragédie, avec un contrat qui expire

Le dernier acte a sonné

Simplement, j’aimerais te dire

Il y a trop peu de temps à vivre RJ

Pour jouer comme un noobie

Si tu dois partir

On aura trop de peine

S’il n’y a plus d’espoir aujourd’hui

Pourquoi jouer comme un rookie ?

Si tu dois partir

Sache que l’on t’aime

Article réalisé en collaboration avec Kevin Desprez pour Knicks Nation France

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