W comme… Wilt. Le joueur qui scorait 100 points back
C’est l’histoire d’un joueur dominant, Wilt Chamberlain, et de l’une des photos les plus iconiques de la NBA pour un match record.

Il est notoirement connu que les grands joueurs aiment performer contre les New York Knicks. Alors quelle autre équipe pouvait bien faire office de sparing partner pour ce box score all-time de « Wilt the Stilt » ou « Wilt l’échassier » dans la langue de molière? Généralement tout ça se passe sur la scène du Madison Square Garden, à 2 pas des bureaux de la ligue. Mais pas cette fois-ci…

Non pour ce match record, c’est un match à l’extérieur pour les New York Knicks. D’une certaine façon pour les Warriors aussi. Juste avant la saison de leur déménagement vers San Francisco, les Warriors évoluent alors à Philadelphie. Mais au début des années 1960s la NBA peine à remplir ses salles et n’hésites pas alors à faire jouer ses rencontres dans des « lieux neutres ».

C’est ainsi que le 2 mars 1962 le décor est planté à Hershey.
Une petite ville de Pennsylvanie, d’à peine plus de 14 000 habitants et qui est surtout connue pour son usine du chocolat, The Hershey Company. La ville est même surnommée Chocolatetown mais pas certain que les Knickerbockers qui y ont fait le déplacement ce jour de mars 1962 ont apprécié la saveur de cette rencontre.
Dans la « petite » salle de l’Hersheypark Arena, d’une capacité de 8000 places tout de même, seul 4124 spectateurs vont alors assister sans le savoir à un match qui va rentrer à jamais dans les livres des records.
Une rencontre qui va encore plus rentrer dans la légende car il n’en existe pas d’enregistrement video. Seul quelques clichés, un enregistrement radio et les souvenirs plus ou moins romancés vont témoigner de cet événement. La presse New Yorkaise n’ayant pas fait l’effort de faire le déplacement pour couvrir le match. Il faut dire qu’il s’agit d’un des tous derniers matchs de la saison 1961-62 et les Knicks sont bons derniers (déjà).

Les joueurs stars des Knicks de l’époque se nomment Richie Guerin et Willie Nauls. Ils sont alors coaché par Eddie Donovan qui effectue alors sa première saison en tant que coach Nba. Il restera sur le banc des Orange & Bleu pendant 4 saisons sans jamais faire mieux que le bilan de 29 victoires/51 défaites de cette saison 1961-62 et donc sans jamais réussir à atteindre les playoffs.

Les problèmes de coach aux Knicks, une histoire ancienne donc…

En face les Warriors peuvent compter sur Paul Arizin et surtout Wilt Chamberlain.

Depuis son arrivée en Nba en 1959, après avoir porté les couleurs des Harlem Globetrotters, il écrase tout sur son passage et rafle le titre de meilleur marqueur dès ses deux première saison. Après une saison rookie à 37,6pts/27rbds, puis une saison sophomore dans le même registre, 38,4pts/27,2rds, cette 3ème année en Nba il hausse encore son niveau de jeu avec des moyennes surréalistes : 50,4pts/25,7rbds et un temps de jeu hallucinant de 48,5min par match (merci les prolongations!)

Avant cette rencontre face aux Knicks il avait déjà décroché le record Nba de points inscrit sur une rencontre avec 78pts marqués contre les Los Angeles Lakers (future équipe finaliste), en triple prolongation certes. Lors de cette saison il va scorer 17 fois plus de 60pts.

67pts, 65pts et 61pts lors de la semaine avant la réception de New York, notre homme est en forme…

Plus que les Knicks qui doivent se passer de leur pivot titulaire de l’époque, Phil Jordon. Un joueur pas vraiment resté dans les mémoires puisqu’il ne va jouer à New York que pour une 20aine de rencontres sur 2 saisons. Ce soir là il n’aura pas la chance de jouer face à Wilt. Monsieur avait la grippe… pour la version officielle. Ses coéquipiers rapportant qu’il avait plus une sérieuse gueule de bois.

Pas de Flu game donc pour Jordon…

 

Eddie Donovan devra alors compter sur Darrall Imhoff (138 matchs en 2 saisons avec les Knicks). Futur All Star avec les Lakers en 1967, champion universitaire en 1959 et médaillé d’Or Olympique aux J.O de 1960, notre homme a une réputation de bon défenseur.

Mais rapidement notre jeune Imhoff va se retrouver gêné par les fautes. Agacé par l’arbitrage sur sa 3ème faute rapidement sifflée, Gary M. Pomerantz rapporte dans son livre Wilt, 1962 qu’il protestera à destination du corps arbitral avec sans le savoir une réplique prémaunitoire :

« Well, why don’t you just give the guy a hundred now and we’ll all go home! »

 

C’est finalement donc le rookie Cleveland Buckner, choisit en 51ème position au 6ème tour par les Knicks et qui rend bien quelques bons centimètres à Chamberlain qui devra tenter de le freiner. Et s’il termine la rencontre avec une feuille de stat à première vue plutôt bonne (33pts/8rbds), son adversaire direct va juste en inscrire 67… de plus, dur.

Sa carrière Nba ne s’en remettra jamais vraiment puisqu’après cette saison il ne disputera que 6 autres petits matchs.

 

Wilt démarre doucement son match avec 23 points inscrit dans le premier quart temps, puis 18 dans le second. 41 points à la mi-temps, Chamberlain bien servi par ses coéquipiers, est dans ses standards.
Lorsqu’il score 28 points de plus au retour des vestiaires, portant son total à 69, le public le pousse à base de « Give it to Wilt ! Give it to Wilt ! » pour donner encore plus et battre son précédent record.
Ce qu’il va faire avec pas moins de 31 points inscrit dans le dernier quart temps pour atteindre cette symbolique barre des 100pts sur un match à 46 secondes de la fin du temps réglementaire. La légende entourant cette rencontre rapportant même que le match se terminera dans l’euphorie générale sans avoir joué les ultimes secondes.

Un match que le coach des Knicks qualifiera même de farce tant tout était fait pour donner le ballon au pivot des Warriors. Les joueurs de Philadelphie provoquant même volontairement des fautes pour récupérer au plus vite le ballon et ainsi le mettre dans les mains de Wilt.
Et ce soir là il ne s’est pas fait prié pour prendre un maximum de shoot. 14 dans le premier quart, 12 au second, puis 16 et enfin 21… 63 tirs, oui on peut parler d’un croqueur.
Pour resituer un peu cette boulimie de tirs sachez juste que Kobe Bryant ne pris « que » 46 tirs lors de son match à 81pts face aux Toronto Raptors. Il faut remonter à 1993 et un certain Michael Jordan pour retrouver un joueur à avoir approché les 50 tirs (64pts à 27/49 dans une défaite).

Chamberlain fut ainsi mis dans des dispositions spéciales pour battre ce record. Il accordera même :

« my teammates wanted me to do it, too.
They started feeding me the ball even when they were wide open. »

Il va terminer ce match avec un bon pourcentage (57,1% à 36/63) et surtout sur la ligne des LF (87,5% à 28-32). Circonstances idéales pour lui qui était loin d’être un spécialiste, voir même l’un des plus mauvais de la ligue dans ce domaine (à peine plus de 51% en carrière). Mais avouez qu’il aurait été dommage de louper les 100pts pour une histoire de lancer-francs.
Et même si la Nba ne comptabilisait pas encore le nombre de contre en 1962 (stat apparue à partir de la saison 1973-74), Wilt ne devait pas être loin d’avoir réalisé cette marque histoire dans un triple double. Car ce soir là il avait encore gobbé 25 rebonds… monstreux!

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Avec une telle performance individuelle on en viendrait presque à oublier l’adversaire et le score de la rencontre. Une défaite au final de 12 points pour les New York Knicks sur le score de 169 à 147. 316 points combiné, box score rare à l’époque où le jeu était dominé par les défenses.

Après les célébrations et la photo souvenir, les deux équipes durent reprendre la route pour se retrouver dès le match suivant, au Madison Square Garden cette fois. L’anecdote rapporte même que Chamberlain fera le trajet vers Big Apple en compagnie de 3 joueurs des Knicks, sur la banquette arrière de leur véhicule, il fut tiré de son sommeil par des New Yorkais qui se plaignant de leur encombrant passager du jour qu’il évoquaient comme le « S.O.B. who scored 100 points on us ».

 

Mais tout est bien qui finit bien dans cette histoire pour les Knicks qui réussiront à sauver leur honneur avec une courte défaite (faut pas pousser non plus) 129 à 128 et une standing ovation pour Darrall Imhoff qui réussira à contenir Chamberlain à 58 points. Les New York Knicks eux prendront leur revanche sur Wilt bien plus tard, lors des Nba Finals de 1970 & 1973

 

Et si vous voulez en apprendre d’avantage sur l’homme qui valait 100pts sur un match, nous vous conseillons ces 2 articles :
Five things you didn’t know about Wilt Chamberlain’s 100-point game
Is Wilt Chamberlain’s 100 point game overhyped?

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